Six ans après l’excellent Manigua (2018) enregistré aux côtés de l’Orquesta Sinfonica Nacional de Colombia, le plus parisien des salseros colombiens est de retour aux affaires avec Amame, un nouvel album enregistré à New-York mettant à l’honneur ses talents de crooner et son amour immodéré de la salsa dura.
Yuri Buenaventura, un salsero à part…
Premier chanteur de salsa à s’être vu décerner un disque d’or en France, Yuri Buenaventura occupe une place à part dans le cœur du public hexagonal. Bien sûr, il y a eu son imparable reprise du Ne me quitte pas de Jacques Brel qui a largement contribué à ambiancer vos soirées d’été au mitan des années 90, mais le capital sympathie dont bénéficie le natif de Cali ne peut s’expliquer par la seule force d’un tube, aussi puissant soit-il.
Si Yuri Buenaventura occupe une place à part dans le coeur du public français, c’est parce qu’il s’est imposé comme le plus formidable des ambassadeurs de la salsa dura, démocratisant ce style auprès d’un public qui ne demandait alors qu’à être initié.
La salsa dura chevillée au corps, il a traversé les décennies suivantes en restant fidèle à ses convictions. Il demeure ainsi toujours aujourd’hui le dépositaire d’une salsa authentique, sans compromis, qui conjugue à merveille énergie et émotion.
Amame, un hommage à la salsa new-yorkaise
En prise directe avec l’âge d’or des mythiques productions des labels Fania et Tico Records, ce nouvel album de Yuri Buenaventura rassemble la crème de la crème des musiciens new-yorkais.
Amame, chanson-titre qui ouvre l’album, traduit parfaitement le fragile équilibre entre énergie et émotion que Yuri Buenaventura cherche à instiller. Romantique en diable, ce premier morceau caresse d’abord l’oreille dans le sens du poil avec son chant suave et ses touches de marimba en pointillé. Mais petit à petit, le rythme s’accélère… Percussions, cuivres et choeurs entrent en scène et le chant, plus intense, se met au diapason.
De la salsa romantique, certes, mais sans une once de mièvrerie, où tout est histoire d’authenticité, d’émotion et d’énergie.
Une subtile alchimie qui fera encore des ravages sur le reste de l’album, comme sur le solaire et remuant Me Haces Feliz ou sur le plus ombrageux Tu y Yo, dont les arrangements de cuivres et de voix somptueux n’ont pas manqué de nous faire chavirer…
Rendre hommage à la salsa new-yorkaise ne pouvait se faire sans explorer son versant le plus contestataire et engagé. Aquí Llegamos, qui conclue l’album, s’acquitte avec brio de cette tâche avec une partition bouillonnante et cuivrée dédiée aux hommes et aux femmes qui n’ont pas courbé l’échine et aux cultures qui refusent de se prostituer.
Pour conclure, deux petits bonheurs et un regret. Les petits bonheurs tout d’abord avec la présence sur l’album de deux versions alternatives de Amame et de Tu y Yo, déclinées en format piano-voix. Épurées jusqu’à l’os, elles mettent en exergue toute la puissance et la dramaturgie qui infusent ces compositions. D’où le regret… Nous aurions tant aimé que chaque chansons d’Amame bénéficie de sa propre version piano-voix !
« Avec cet album, je ne prétends pas faire autre chose qu’une musique pour danser et raconter des histoires d’amour. Transmettre cette mémoire est pour moi une responsabilité historique. » nous dit Yuri Buenaventura. Une noble mission dont il s’acquitte parfaitement.
FICHE ALBUM
- ARTISTE : Yuri Buenaventura
- TITRE : Amame
- DATE DE SORTIE : le 13 septembre 2024
- LABEL : Vivienne Music
