La sortie d’un film d’Isabel Coixet est toujours un événement cinématographique de premier ordre. C’est donc avec une certaine impatience qu’on attendait l’arrivée d’Un amor dans les salles françaises, non seulement en raison de l’immense talent de la réalisatrice espagnole pour raconter des histoires, mais aussi parce qu’elle a ici fait le choix d’adapter le livre éponyme qui a fait de la romancière Sara Mesa un phénomène littéraire sans précédent. Disons le haut est fort, cette adaptation est une réussite !
Une jeune femme en quête d’elle-même
Quand Isabel Coixet parle du roman de Sara Mesa, elle le fait avec une réelle fascination : « Je suis tombée amoureuse du personnage principal, Nat, de ces montagnes omniprésentes, de ce désir complexe et obsessionnel qu’elle éprouve pour l’Allemand. Au fond, Un amor n’est pas si loin de The Bookshop. Quant au retour aux sources… j’ai toujours pensé que les racines étaient très surestimées… »
Il y a effectivement quelque chose en Nat, l’héroïne d’Un amor, qui évoque spontanément d’autres personnages du cinéma d’Isabel Coixet. Natalia, ou Nat pour ses proches, est une femme seule, une trentenaire un peu perdue qui cherche sa place dans le monde sans vraiment savoir où la trouver. Elle décide de s’installer dans un petit village à la campagne nommé La Escapa pour laisser derrière elle un quotidien de citadine qui ne lui convient plus.
À son arrivée, elle découvre une maison humide et délabrée dont le propriétaire, foncièrement désagréable et agressif, ne mâche pas ses mots. Parmi les autres habitants du village, Piter, un homme charmant de prime abord mais qui s’avère au fil du temps quelque peu manipulateur, une famille singulière qui fuit la ville chaque week-end, un couple de personnes âgées dont la femme est sénile et enfin Andreas, avec lequel Nat a une relation exclusivement charnelle au départ, mais qui se fait de plus en plus orageuse et passionnée au fur et à mesure que les jours passent.
Quand l’enfer, c’est les autres
Dans ce village niché au pied de montagnes rougeâtres aux sommets silencieux, menaçant et survolés par des vautours, rien n’est véritablement ce qu’il paraît. Nat, interprétée par l’extraordinaire Laïa Costa, est venue ici pour guérir ses blessures et recommencer sa vie à zéro. Même si, tout au long du film, elle fera de son mieux pour s’intégrer à cette petite communauté, un fossé insurmontable se creusera progressivement entre elle et le reste du village.
Ses soucis commenceront avec l’Allemand, un personnage incarné par l’impressionnant Hovik Keuchkerian, qui campe l’un des meilleurs rôles de sa carrière en se glissant dans la peau de ce rude et solitaire homme d’origine germanique (prix meilleur acteur dans un second rôle à Saint-Sébastien). Notre protagoniste devra ensuite faire face à un malheureux accident dans lequel son chien est impliqué.
Ironie du destin, c’est peut-être Sieso, ce canidé triste et méfiant que Nat a recueilli chez elle dès son arrivée, qui semble être le seul à lui apporter l’amour et la chaleur humaine qu’elle était venue chercher dans ces contrés lointaines. Un animal à forte charge symbolique qui devient alors un personnage à part entière.
Crédits photos : Arizona Films (photo de couverture)
FICHE DU FILM
- Titre original : Un amor
- De : Isabel Coixet
- Avec : Laia Costa, Hovik Keuchkerian, Luis Bermejo, Hugo Silva, Ingrid García Jonssong
- Date de sortie : 9 octobre 2024
- Durée : 2h09
- Distributeur : Arizona Films
