Rodrigo Cuevas, queer, moustache et tradition

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Après des passages remarqués au Womex et aux Transmusicales de Rennes, Rodrigo Cuevas, l’agitateur folklorique des Asturies, débarque à Paris le 2 mars au Café de la Danse, comme un prélude à une tournée estivale qui l’emmènera notamment du côté du Festival Interceltique de Lorient où les Asturies sont à l’honneur cette année. Attention, objet musical non identifié…

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Un artiste qui secoue la tradition

Télescoper des univers antagonistes ? Un art consommé dont l’industrie du vidéo-clip, vecteur essentiel de l’industrie musicale depuis tant d’années, use et abuse ad nauseam. Et pourtant, bien qu’usée jusqu’à la corde, cette formule parvient encore et toujours à faire chavirer nos sens…

Difficile de ne pas être hypnotisé par cette rencontre au sommet entre électro mélancolique et célébration vaudou distillée par Léonie Pernet…

Hasard ou non, c’est également sur ce même label, Infiné, que Gaspar Claus, le fils prodigue du guitariste flamenco Pedro Soler, sortait à l’automne dernier Tancade, un magnifique premier album studio composé uniquement au violoncelle. Mais qui a dit que les harmonies classiques ne permettaient pas de faire la fête jusqu’à potron-minet ?

Notre première rencontre avec celui qu’El Pais surnommait déjà à l’époque « le Freddie Mercury des Asturies » se fait au détour d’un clip, celui de Muiñeira para a filla da bruxa, tiré de son premier album Manual de Cortejo (2019). Cette dinguerie audio-visuelle qui conjugue à merveille musique et danses folkloriques, magie noire et imagerie gay excentrique est un véritable choc…

Rodrigo Cuevas ou les musiques du monde d’aujourd’hui

Les fines oreilles que vous êtes auront instantanément reconnu la patte du génial Raül Refree qui se cache à la production. Du flamenco de Rosalia, Rocío Márquez, Niño de Elche aux habaneras et chansons traditionnelles catalanes de Sílvia Pérez Cruz tout en passant par le fado de la jeune chanteuse portugaise Lina, ce musicien et producteur hors pair a propulsé les musiques traditionnelles de la péninsule Ibérique au cœur du XXIème siècle.

Sur Manual de Cortejo, la fusion entre flûtes, cornemuses, percussions traditionnelles, basses telluriques et autres sorcelleries électro fonctionne à plein. Alternant plages contemplatives et montées extatiques, ce premier coup d’essai de Rodrigo Cuevas, aussi à l’aise dans le chant traditionnel que dans un registre plus urbain, est un sacré coup de pied dans la fourmilière de la tradition.

« Le Freddie Mercury des Asturies » ? La formule est géniale, mais on pourrait tout aussi bien le définir comme le Franco Océano ibère, tant son appétit pour les ambiances sonores complexes et ouatées ainsi que son orientation sexuelle parfaitement assumée, rappellent à bien des égards le célèbre rappeur californien.  

Mais qu’en pensent les gardiens de la tradition ? Aucune idée, mais de notre point de vue, ils ont tout lieu de s’en réjouir, tant Rodrigo Cuevas est à même de propulser les musiques traditionnelles des Asturies dans une nouvelle dimension. Pour rappel, le chanteur n’est pas un provocateur, mais un agitateur folklorique comme il se définit si bien lui-même. En injectant le souffle de la modernité et la question de sa propre sexualité au cœur de ses productions, il se permet simplement d’ajouter un nouveau chapitre à une odyssée musicale fascinante, celle des musiques du monde d’aujourd’hui, toujours en mouvement.  

Afin de vous faire une petite idée de ce qui vous attend le 2 mars sur la scène du Café de la Danse ou le 7 août au Festival Interceltique de Lorient, retrouvez ci-dessous cette très belle captation réalisée par Vincent Moon (La Blogothèque) en marge du Womex 2021 à Porto !

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FICHE CONCERT

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