Rencontre avec Olivier Assayas

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À l’occasion de la sortie de Cuban Network, nous avons pu nous entretenir avec Olivier Assayas qui nous parle de la genèse de ce film choral mettant en scène un réseau d’espions infiltrés au cœur de groupes anticastristes. Discussion à bâtons rompus sur l’Histoire de l’Amérique latine, l’espionnage, le cinéma et ses acteurs, notamment Edgar Ramírez, qu’il retrouve à nouveau dix ans après son inoubliable performance dans Carlos.

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Comment l’idée de faire un film sur la Wasp Network, un réseau d’espions infiltrés dans les groupes anticastristes de Miami, vous est-elle venue ? 

Depuis longtemps avec Charles Gillibert, mon producteur de l’époque, nous avions envie de faire un film dans le prolongement de Carlos. Nous ne trouvions rien de satisfaisant mais un jour, Charles m’a parlé du livre du journaliste et homme politique brésilien Fernando Morais, The last soldiers of the cold war qui raconte l’histoire de la guerre souterraine qui a eu lieu et se poursuit encore entre les organisations anticastristes à Miami et le régime cubain. 

Les droits du film appartenaient aux brésiliens Rodrigo Texeira et Lorenzo Santana. Ils avaient beaucoup aimé mon film Carlos et souhaitaient me proposer ce projet. Le livre est très touffu et j’ai mis un peu de temps à me décider, mais j’ai été fasciné par l’histoire de ces cinq espions cubains infiltrés. C’était aussi et surtout un projet où l’on pouvait articuler l’humain et l’Histoire. 

Cuban Network est un film choral qui dévoile les parcours de différents personnages. Comment vous y êtes-vous pris pour écrire l’histoire ? 

J’ai choisi de me focaliser sur trois personnages et en particulier sur l’un d’eux, René González. Ce qui m’intéressait, c’était la façon dont cet individu est bousculé, voire écrasé par l’Histoire. Puis j’ai fait vivre le chef du réseau, Gerardo Hernández alias Manuel Viramontez, ainsi qu’un autre personnage, Juan Pablo Roque qui est l’opposé de René Gonzalez. Les deux personnages entretiennent des rapports très contrastés vis-à-vis de la société américaine et c’était ça qui m’intéressait. 

Le casting est très impressionnant : Edgar Ramírez, Penélope Cruz, Gael García Bernal, Wagner Moura, Ana de Armas… C’était difficile de les réunir sur un tel projet ? 

C’était facile dans le sens où ils se sont reconnus tout de suite dans le projet. Ils étaient très excités par l’idée de tourner à Cuba et de participer à cette histoire qui fait partie de l’Histoire de l’Amérique latine. La question principale était celle de leurs disponibilités, c’était compliqué de les faire coïncider. Une autre difficulté était de reproduire l’accent cubain, qui est très particulier, et on voulait que cela soit parfait, sinon, rien n’aurait été crédible. Chacun a donc dû travailler l’accent très en amont avec des coachs qui étaient présents sur le tournage et qui écoutaient chaque réplique. 

Le rôle principal, René González, est interprété par l’acteur vénézuélien Edgar Ramírez avec lequel vous avez déjà travaillé sur Carlos. C’était une évidence pour vous ? 

Carlos est une sorte d’aventure que nous avons en commun et qui nous a dépassé tous les deux. Le film a été élu par le Hollywood Reporter meilleur film de la décennie. Avec le temps, son succès a pris des proportions considérables. C’était imprévisible pour nous à l’époque et ce fut décisif pour la carrière d’Edgar. 

Depuis longtemps déjà nous avions envie de retravailler ensemble.

René González est un homme capable sacrifier sa vie privée pour ses idéaux. Comment avez-vous abordé ce personnage ?

Pour moi, il n’y a pas d’idéalisme, le personnage de René est un soldat qui a une foi aveugle en la Revolución. Il a combattu en Angola et a été loin de sa famille pendant très longtemps parce que c’est ça, la vie de soldat. On lui a confié une mission et il l’a accomplie. 

Quant à Penelope Cruz, elle interprète une femme très forte qui va toujours de l’avant en dépit des circonstances… Penélope Cruz a apporté une humanité au rôle qui va au-delà de ce que j’avais imaginé en l’écrivant. Sur le tournage, Je lui disais toujours : « Le centre de gravité émotionnel du film, c’est ton personnage ». Olga, c’est le personnage vis-à-vis duquel le spectateur va avoir de l’empathie. 

Est-ce que les coulisses de la politique et l’espionnage sont des thèmes qui vous intéressent tout particulièrement ? 

Je voulais faire un film qui parle de sentiments mais qui s’inscrive aussi dans l’Histoire moderne. J’ai trouvé très intéressant de faire un film sur des évènements politiques, un peu à la manière d’un historien.

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FICHE DU FILM

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