Rencontre avec Maikel Dinza

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À peine un an après avoir embrasé La Cigale, le Grupo Compay Segundo est de retour pour une tournée hexagonale qui passera par Paris les 21 et 22 octobre à l’Alhambra. L’an passé, nous avions eu le plaisir de poser quelques questions à Salvador Repilado, fils de Compay et fondateur du Grupo Compay Segundo. C’est aujourd’hui le talentueux Maikel Dinza, à la réalisation du flamboyant nouvel album du groupe, Vívelo, qui répond à nos questions…

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QTP – Pour Vivélo, le quatrième album du Grupo Compay Segundo, Salvador Repilado a eu envie de donner un nouveau souffle au groupe en mettant l’accent sur des compositions originales plutôt que sur des reprises du maestro. Dans ce processus, tu as été en première ligne car il a fait appel à toi pour réaliser l’album. Comment s’est déroulée votre rencontre ?

Tout d’abord, je souhaitais saluer tous nos amis fans de musique cubaine. Je me sens très flatté de répondre à vos questions !

Je suis un jeune musicien cubain qui a toujours rêvé de pouvoir faire connaître à travers le monde la musique de ma ville natale, Santiago de Cuba.

Je me suis longtemps concentré à la production et à la création de sons et je suis arrivé à collaborer avec plusieurs artistes cubains majeurs. C’est ma société de production, Joke and Buzz, et mon manager, Stéphane Braille, qui ont initié ma rencontre avec M. Salvador Repilado et les musiciens du Grupo Compay Segundo.

Nous avons appris à nous connaître et fait le choix de créer un nouvel album qui porterait l’essence de la musique de Compay Segundo mais avec cette touche moderne qui caractérise mes productions.

C’était génial de créer des chansons qui s’inscrivent dans la continuité du travail de Compay Segundo… Un moment magique où la musique et l’esprit de Compay ont régné en maître !

Vivélo fait un grand écart entre tradition et modernité. Si Compay Segundo avait vécu jusqu’à 115 ans, il aurait sans doute écrit des chansons comme celles-là. C’est ce que tu as essayé de faire avec le groupe quand tu as réalisé l’album ?

Je pense que Compay Segundo vit, d’une manière ou d’une autre, dans chaque Cubain. Compay, c’est le tabac, le rhum, la guayabera, la force du peuple, et moi, en tant que Cubain, j’ai un Compay qui vit dans mon cœur.

Depuis mon plus jeune âge, j’ai écouté et apprécié toutes les merveilles de la trova Santiaguera, qui a contribué à ma vision musicale, m’a apporté des schémas et des sonorités qui ont grandi au fil de mon travail. C’est ainsi que sont nées les chansons de l’album, toutes composées dans le but de donner une continuité à l’œuvre de ce maestro du son cubano.

Je ne peux pas nier que ce fut un grand défi de créer ces harmonies tout en respectant les tournures mélodiques, de poser la trame des paroles en les synchronisant avec l’histoire racontée, de respecter et de valoriser la figure de la femme, d’exalter la beauté de Cuba et de ses paysages…

Ce fut une expérience unique pour laquelle je remercie Dieu ainsi que mon manager Stéphane Braille, c’était un honneur de participer à cette grande œuvre de la musique cubaine contemporaine.

Concrètement, comment s’est déroulé le travail de composition et la réalisation de l’album en studio ?

Nous avions déjà des chansons que Salvador et les musiciens aimaient et comprenaient. Mais nous avions besoin aussi d’un studio où la magie allait pouvoir prendre vie.

Nous avons choisi le studio Vega à Carpentras, dans le Sud de la France, un lieu fantastique en termes de technologie et plein de belles personnes qui ont rendu notre travail possible. Jean-Michel Bourroux, l’ingénieur du son, est un génie de la musique vintage et l’union de tous ces talents nous a donné la plus belle chose qui soit, Vívelo !

Sur ce disque, il y a plusieurs collaborations avec des artistes de la trempe d’Isaac Delgado, Alexander Abreu et Rolando Luna… Quand des légendes de la musique cubaine répondent à l’appel, ça doit faire chaud au cœur, non ?

Un album comme Vívelo va au-delà de la simple musique, c’est la réponse de toute une génération de musiciens qui remercient Francisco Repilado pour son dévouement de toute une vie. Des artistes de l’envergure d’Issac Delgado, Alexander Abreu, Rolando Luna, Julio Padrón et Sory Pérez, ce fut un merveilleux cadeau car ils ont apporté une touche originale à chacune de mes chansons… La grande douceur d’Issac, rendant chaque auditeur amoureux, le piano de Luna, magique, Alexander qui a brillé dans la guaracha, la sensualité et la flamboyance de Julito, c’était de la pure magie…

Après avoir rempli La Cigale en novembre dernier, le groupe sera de retour les 21 et 22 octobre à l’Alhambra. Même si tu ne seras pas à leurs côtés sur scène, pourrais-tu d’écrire l’ambiance des concerts du Grupo Compay Segundo pour ceux qui ne les auraient jamais vus ?

Les 21 et 22 octobre, Paris pourra à nouveau profiter de la magie de Compay, toute l’âme et la force de la musique cubaine seront là et mon cœur y sera également… Les paroles de mes chansons font que je serai toujours présent dans les concerts du groupe et c’est un grand honneur pour moi que, dans la ville de l’amour, le Grupo Compay Segundo plante notre drapeau musical cubain.

Si tu ne participes pas à la tournée, c’est peut-être aussi parce que tu as des projets personnels de ton côté ?

Effectivement, en ce moment, je travaille sur de nouveaux projets musicaux, pour moi, mais aussi pour d’autres artistes… J’ai en chantier plusieurs albums qui sortiront bientôt, comme par exemple :

– Un hommage à La Sonora Matancera où je me suis occupé des arrangements et de la production et où j’ai le plaisir de chanter aux côtés d’Issac Delgado, Yuri Buenaventura et Haila María Mompié.

– Un disque aux côtés du grand pianiste cubain Rolando Luna intitulé Por Nosotros et que nous sortirons très prochainement. C’est un magnifique album piano solo, où j’interprète des chansons de tous tempos ainsi que quatre de mes propres compositions.

– Et enfin, le plus important, le projet Monteros qui verra le jour en 2024 et pour lequel j’inviterai trois grands soneros cubains, Mayito Rivera, Ricardo Amaray et José Antonio Rodríguez « Pepitín » à faire une tournée dans plusieurs pays. C’est un projet très intéressant pour lequel j’ai travaillé sur des sons très contemporains. Je crois que c’est une approche qui donnera encore plus de force et de vie à la musique cubaine.

Crédits photos : Maikel Dinza © Joke and Buzz

Retrouvez ici notre chronique sur l’album et le concert du Grupo Compay Segundo.

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