Sous l’impulsion de l’Ambassade du Mexique à Paris, l’Institut culturel du Mexique présente la toute première exposition de peinture de l’artiste franco-mexicain Hugo Toro : Les murmures de l’eau . Cette exposition est une exploration intime de la mémoire, reflétant la sensibilité nomade de l’artiste, nourrie par ses origines multiples et un hommage vibrant à sa mère, dont un portrait trône en ouverture. Près d’une vingtaine de pièces de grand format illustrent un Mexique devenu phantasmatique, mais vivant à travers Hugo Toro dans une quête de mémoire et d’identité.
L’eau est un élément central dans votre œuvre, un fil rouge tout au long de l’exposition. Que représente-t-elle pour vous ?
L’eau, c’est l’expression de cette quête de nager dans mes origines, de voyager dans mes souvenirs. Ces tableaux sont des souvenirs de ma mémoire. C’est une peinture très liquide avec différentes lectures et strates. L’eau va tout relier. Un souvenir peut s’effacer avec l’eau, mais en fait, il est toujours là.
Contrairement à l’imaginaire collectif qui associe l’eau aux tonalités bleues, vous préférez les ocres et les rouges, pourquoi ?
L’eau n’est pas bleue, pour moi. L’eau c’est le crépuscule quand la lumière vient se poser. Pour moi, elle est ocre, rouge, c’est la mangrove, là où j’allais me balader avec mes cousins quand j’étais petit. Le dessin a toujours été mon langage depuis très petit. J’ai toujours peint même si cela était très abstrait. La peinture est un langage qui me correspond bien. Je ne sais jamais vraiment ce que je vais peindre. C’est pour ça que ce sont des toiles de grand-format. Ce sont les couleurs qui définissent les volumes.
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« L’eau n’est pas bleue, pour moi. L’eau c’est le crépuscule quand la lumière vient se poser. »
Qu’avez-vous voulu transmettre à travers ce projet résolument intimiste et personnel ?
Cette exposition est une mise à nu de ma personne. Il n’y a pas de filtre. C’est vraiment mon cœur qui est dessus. Cela faisait des années que je n’avais pas peint. C’est un exercice qui est aussi très sentimental parce qu’il nous relie ma sœur et moi à ma mère avec laquelle j’ai une relation très proche. Ma mère s’est arrachée de son pays pour nous, ce fut ‘un sacrifice choisi’ comme elle aime à dire. Nous avons vécu ce Mexique dans une nostalgie positive autant que négative. Mes tableaux ne sont pas tous forcément joyeux.
Vous êtes franco-mexicain, de quelle façon cette dualité culturelle imprègne-t-elle votre œuvre ?
Cette double nationalité imprègne tout mon travail. Je pense aussi bien dans la couleur que dans le ressenti. C’est ça ce que j’aime bien au Mexique, la lumière d’une bougie est aussi forte qu’une odeur. Après tout ça se combine avec mon côté franco-français. Ce sont deux visions différentes du monde, mais qui s’équilibrent entre elles.
Architecte, décorateur, créateur de mobilier, peintre, vous êtes un artiste aux multiples facettes…
Je suis quelqu’un d’hyperactif qui s’ennuie rapidement. J’ai toujours besoin de créer, de m’exprimer. Je suis touche-à-tout. Je pense que l’expression ne doit pas se cantonner à un seul domaine. Aujourd’hui, ce volet artistique ne contre pas mon travail d’architecte. Ils se complètent. Je peins pour exprimer un moment de vie, c’est un peu comme un tatouage. Cette exposition est comme un tatouage sur mon cœur.
Crédits photo principale : Portrait de Hugo Toro © Charlotte Abbeys – More content studio