Contrebassiste virtuose, Renaud García-Fons est le dépositaire depuis trois décennies d’un langage musical singulier, à la croisée du jazz, de la musique classique et des musiques du monde. Une partition universaliste et spirituelle qui se joue littéralement des frontières, comme en témoigne son récent Blue Maqam, authentique Pangée musicale conjuguant en son sein une infinité de sonorités.
Repousser le champ des possibles…
C’est comme un sentiment, une intuition qu’il a ressenti aux toutes premières heures de sa formation : la contrebasse est à même de produire un registre harmonique bien plus expressif que les pulsations ternaires du jazz ou le soutien mélodique et rythmique à l’oeuvre dans la musique symphonique.
« Dès le début de mon apprentissage de la contrebasse, j’ai rêvé que cet instrument avait potentiellement une vocation universelle. C’est dans ce sens que j’ai immédiatement travaillé, en essayant d’abolir toutes frontières, sans limite de style, en essayant de développer différentes techniques de jeux pour établir des passerelles entre toutes les musiques que j’affectionne. » explique-t-il ainsi.
L’ajout d’une cinquième corde aiguë à sa contrebasse, le développement de techniques telles que l’archet jeté, mais aussi et surtout une insatiable soif de musique, l’ont amené à considérablement repousser le champ des possibles de son instrument. Ainsi, sous ses doigts agiles, la contrebasse peut vrombir une ligne de basse tellurique avant de se faire, en un battement de cil, aussi légère qu’une plume d’oiseau.
Particulièrement fasciné par les musiques traditionnelles du bassin méditerranéen, flamenco, musiques arabes, turques, grecques ou des Balkans en tête, Renaud García-Fons est aujourd’hui le dépositaire d’une vingtaine d’albums parmi lesquels les très remarqués La Línea del Sur (2009), Paseo a Dos (2015), en duo avec le pianiste espagnol Dorantes, ou le plus récent Le Souffle des Cordes, vibrant octet rassemblant un quatuor classique, deux musiciens du Moyen-Orient et un guitariste flamenco auréolé en 2021 d’un prix Sacem du Jazz.
Blue Maqam, une passerelle entre Orient et Occident
La Blue Note, pierre angulaire du jazz et le Maqam, mode musical complexe au coeur des musiques persane, arabe et turque, se sont donné rendez-vous sur cet album à la croisée des mondes.
Chose rare dans la discographie largement instrumentale de Renaud García-Fons, la voix joue ici un rôle de premier plan en la présence de Solea García-Fons, la propre fille du contrebassiste. Rompue aux musiques traditionnelles et au chant lyrique, la jeune chanteuse s’empare ainsi de l’intégralité des titres de Blue Maqam et délivre, en pas moins de huit langues distinctes, un tour de chant étourdissant.
« Après Le Souffle des Cordes et Cinematic Double Bass, j’avais envie de créer une nouvelle formation alliant le lyrisme de la voix à la contrebasse jouée à l’archet ainsi qu’aux grooves des musiques latines et jazz » explique ainsi Renaud García-Fons.
Cette belle captation de Noiméad Síochána vous donnera un premier aperçu du haut degré de spiritualité qui traverse Blue Maqam et de son énorme potentiel émotionnel sur scène…
Parfaitement épaulés par le vibraphone de Stéphan Caracci et les percussions de Jean-Luc di Fraya, Renaud et Solea García-Fons déploient sur Blue Maqam des trésors d’harmonies comme en témoigne Alicante, vertigineux titre d’ouverture convoquant la poésie de Jacques Prévert, les pulsations ternaires du jazz et des harmonies arabo-andalouses.
Najmati nous emmène ensuite visiter les très hautes sphères de cette tour de Babel musicale qu’est Blue Maqam. Démarrant pied au plancher par une intro jazz-funk enlevée, ce morceau protéiforme ne tarde pas à se muer en jazz vocal sous les vocalises scat électriques de Solea García-Fons avant de faire voile vers des eaux plus apaisées où les improvisations virtuoses de Renaud García-Fons – dont le jeu s’apparente tantôt à une contrebasse, tantôt à un oud, tantôt à un violon – invitent à l’introspection et à la sérénité. Magique…
Après une échappée en terres celtiques grâce au suave et onirique Noiméad Síochána, c’est du côté de l’Espagne que Renaud Garcia-Fons nous emmène avec Tomate el Tiempo. Entre harmonies andalouses ancestrales et soyeuses envolées jazz vocal, ce morceau nous invite à lever le pied dans ce monde en constante ébullition.
Au fil d’un opus qui nous réserve encore bien des sommets, à l’image du mélancolique Makrini Akti ou de l’ensorcelant Hame Chab, qui met en musique les vers du mystique poète persan Rûmî, une question finit par s’imposer. Comment un album brassant autant d’influences peut-il dégager un tel sentiment d’unicité ? C’est sans doute là le plus grand des talents de Renaud Garcia-Fons qui, tel un démiurge, parvient à forger de cette infinité de sonorités une Pangée musicale qui n’appartient qu’à lui.
Renaud García-Fons au Trianon
C’est donc le mardi 11 février que vous pourrez découvrir sur scène ce tout nouvel album de Renaud García-Fons, avec à ses côtés Solea García-Fons au chant, Stéphan Caracci au vibraphone et à la marimba ainsi que Jean-Luc di Fraya à la batterie et aux percussions.
Un concert sous le signe de la virtuosité, de la spiritualité et de l’émotion !
Crédits photos : Renaud García-Fons © Alexandre Lacombe
INFORMATIONS PRATIQUES
- ARTISTE : Renaud García-Fons
- DATE & HORAIRE : Le 11 février 2025 à 20h
- LIEU : Le Trianon
- ADRESSE : 80 Bd de Rochechouart 75018 Paris M° Anvers
- PRIX : 30-49 €
- RÉSERVATIONS : letrianon.fr
