Six ans après s’être attiré les louanges de la jazzosphère avec Belle Époque, un premier album en duo qui redéfinissait les contours du jazz de l’Entre-deux-guerres, l’accordéoniste Vincent Peirani et le saxophoniste Émile Parisien sont de retour avec Abrazo, un second opus sur lequel ils prennent le tango à bras le corps.
Comme un symbole, l’album s’ouvre sur un air tango jazz des années 40 signé Jelly Roll Morton, The crave, transition idéale entre les univers musicaux de Belle Époque et d’Abrazo. Epuré à l’extrême, The crave prend le temps de déployer d’envoutants arrangements avant de s’aventurer dans de vertigineuses improvisations. Une relecture inspirée qui donne le ton d’un album d’une folle virtuosité.
De Fuga y misterio d’Astor Piazzolla à A bebernos los vientos de Tómas Gubitsch, Vincent Peirani et Émile Parisien s’approprient le répertoire tanguero avec une spontanéité confondante.
Si le tango est un monument, il s’apparente ici à la Sagrada Familia, une œuvre inachevée sur laquelle il convient de laisser libre cours à sa propre créativité.
Trouver de nouvelles lignes de fuite, sculpter de nouveaux ornements, le tango n’est plus qu’une matrice que les deux complices redessinent au gré de leurs envies.
En témoignent Memento, remarquable composition personnelle gorgée de nostalgie ainsi que leurs délicieuses reprises d’Army Dreamers de Kate Bush et de Temptation de Xavier Cugat, des airs populaires qui s’enivrent de l’esprit des milongas. Superbe.
Crédits photos : Jean-Pascal Retel