Un auteur d’exception
Après Moi, assassin (2015) et Moi, fou (2019), Antonio Altarriba et Keko viennent clore leur trilogie du moi avec un dernier volume d’une noirceur abyssale.
En une petite décennie, l’essayiste, romancier, critique et scénariste de bande dessinée espagnol Antonio Altarriba s’est imposé en France comme l’un des auteurs du 9ème art les plus plébiscités. Rendons lui grâce immédiatement. Que ce soit dans le domaine de la biographie ou celui de la fiction, l’auteur espagnol excelle.
Véritable succès de librairie, son diptyque espagnol composé de L’art de voler et de L’aile brisée parvenait à mêler la petite histoire et la grande et portait un regard lucide et tendre sur ces petites gens qui ont traversé la folie du XXe siècle avec résilience et dignité. Dans ces deux ouvrages, Antonio Altarriba s’improvisait biographe de ses propres parents et délivrait deux récits aussi captivants que poignants.
Le dernier volume de la trilogie du moi
Dans le domaine de la fiction, sa trilogie du moi mise en image par Keko s’avère toute aussi puissante. Dans cette série paranoïaque et étouffante, l’auteur espagnol passe au crible les pires travers de notre société. Ce troisième volume consacré au mensonge parvient – et c’est une performance en soi – à délivrer un message encore plus sombre que ses deux premiers opus consacrés au crime et à la folie.
Adrián Cuadrado est un menteur, mais un menteur qui a élevé son vice au rang d’art : « quand il faut choisir entre le bénéfique et le vrai, nous n’hésitons pas…Nous choisissons le bénéfique…Ce ne sont pas nos raisonnements qui forgent notre identité, c’est notre intérêt » dit-il. Cette rationalisation poussée à l’extrême fait d’Adrián un menteur parfaitement assumé. « Mentir te transforme en Dieu…Dire la vérité, en simple reporter… » ajoute-t-il.
Dans son métier de conseiller en communication pour l’une des principales forces politiques espagnoles, Adrián est comme un poisson dans l’eau. Coups tordus, malversations, magouilles financières, rien ne semble perturber sa route : que ce soit pour sauver les siens ou torpiller la concurrence, Adrián a toujours LA solution. Mais le jour où l’on retrouve les têtes coupées de trois conseillers municipaux artistiquement conservées dans des bonbonnes en verre, la vie d’Adrián se met à dérailler…Embarqué dans cette sombre histoire de meurtres en lien avec une sulfureuse escroquerie immobilière, il devra jouer serrer pour conserver sa place sur l’échiquier…
Sombre, kafkaïenne et implacable dans son propos et son dénouement, Moi, menteur d’Antonio Altarriba et Keko ne laissera personne indifférent.
INFOS ÉDITEUR
- Titre original : Moi, menteur
- Langue originale : Espagnol (Espagne)
- Date de sortie : avril 2021
- Pages : 168
- Prix : 21.90 €
- Éditeur : Denoël Graphic