L’Outreligne, nouvelle exposition de la Maison de l’Amérique latine, accueille l’œuvre de deux artistes vénézuéliens, Milton Becerra (Táchira, 1951) et Pancho Quilici (Caracas, 1954), deux « passeurs de temps » qui, dans les années 80, ont choisi la France pour tracer leur voie de l’autre côté de l’Atlantique. Découvrez l’univers novateur et singulier de ces deux artistes qui se sont éloignés progressivement de l’esthétique cinétique très en vogue dans leur pays natal, mais qui les a néanmoins profondément marqués.
Une histoire de géométrie
Avec eux, la ligne défie et s’affranchit des horizons culturels, historiques, naturels, géométriques et constructifs, en toute liberté, avec raison et déraison. Chacun d’eux imagine sa géométrie, lance sa propre « aventure de lignes », comme l’écrivait Henri Michaux au sujet de Paul Klee. Véritable défi au vide, véhicule de leurs curiosités et de leurs connaissances scientifiques, la ligne voyage, dessine de nouveaux espaces, imagine des paysages et pense la nature.
La géométrie de Milton Becerra est indissociable de la nature avec laquelle elle entretient une relation fusionnelle. Le tissage ouvre la permanence du lien à la terre et celle de l’identité culturelle. Nœuds et liens, tensions de cordes et de fils comme des chemins initiatiques ancrent l’artiste dans un territoire menacé.
Pancho Quilici explore la géométrie depuis de nombreuses années et nourrit sa réflexion de références scientifiques autour de la création de paysages imaginaires entrelaçant représentations figuratives et éléments de la géométrie et des mathématiques. Pour lui, « Le paysage, c’est la perception que l’on a de l’espace. Il évoque tout ce que je ne peux pas toucher, quelque chose qui est au-delà, quelque chose que je ne peux pas comprendre… »
Deux artistes complémentaires
La cohabitation muséographique de leurs œuvres à travers un dialogue scénographique inédit mise en oeuvre par la commissaire de l’exposition, Christine Frérot, induit une confluence de pensée dans laquelle le « tressage » de Becerra répond au « maillage » de Quilici et réciproquement. Cette complémentarité se ressent tout particulièrement dans l’installation pensée et réalisée en commun pour l’exposition et qui prend toute sa dimension au rez-de-chaussée de la Maison de l’Amérique latine. L’écho de leurs imaginaires y résonnent dans leur cosmogonie plurielle.
« On peut alors se demander ce qu’ont en commun Pancho Quilici et Milton Becerra en dehors de ce qui, à première vue seulement, peut les opposer ? Qu’est-ce qui les rapproche ? Que partagent-ils ? On observe d’abord combien le plus célèbre héritage artistique de leur pays, le cinétisme, imprègne à des degrés divers leur complexe univers de lignes et leurs élaborations de trames et de formes, dans lesquels géométrie et nature se confondent. Dans sa quête revendiquée de questionnements à la fois existentiels et formels, chacun s’attache aussi à définir la place déterminante qu’ont, dans sa réflexion, les références mathématiques et scientifiques. Par ailleurs, l’apesanteur, où s’affirme leur commun désir d’espace, est déterminante dans leur approche conceptuelle, artistique et sensible ; quant au rôle joué par le temps, ce « temps sans durée » dont parle l’écrivain Philippe Curval à propos de Quilici, il est au cœur de la gestation de l’œuvre, conforté par ces vertus que partagent les deux artistes, la lenteur, la patience et la persévérance. »
INFORMATIONS PRATIQUES
- TITRE : L’Outreligne
- LIEU : Maison de l’Amérique latine
- ADRESSE : 217, bd Saint-Germain 75007 Paris
- HORAIRES : de lundi à vendredi de 10h à 20h – samedi de 14h à 16h
- DATES : jusqu’au 22 juillet 2023
- TARIF : gratuit
- RENSEIGNEMENTS : Maison de l’Amérique latine