Par amour, Luis, un journaliste désabusé, prend l’avion depuis Madrid pour se rendre au Texas et rejoindre Camila, sa maîtresse. Juste avant l’embarquement, celle-ci lui envoie un ultime message « Mon mari a décidé de m’accompagner à la dernière minute, s’il te plaît, ne m’écris plus. Restons-en là, gardons-en le souvenir. Adieu, je t’aime. »
À son arrivée à Austin, profondément bouleversé, plutôt que de se rendre à un congrès sur les nouvelles technologies qu’il devait couvrir pour le supplément dominical de son journal, notre homme se réfugie au Harry Ramson Center, un énorme bâtiment en béton où l’on conserve des livres et documents ayant appartenu à d’ illustres écrivains.
Luis retrouve alors dans les archives, parmi d’autres papiers et photos, la correspondance amoureuse du prix Nobel américain de littérature William Faulkner et de sa maîtresse Meta Carpenter. Faulkner étant l’auteur préféré de sa femme Paula, il se lance à corps perdu dans la lecture de ces lettres en espérant y trouver un peu de réconfort.
Construit comme un roman épistolaire, adressé d’abord à son ex amante puis à sa femme, Les jours parfaits coule comme un torrent avec sa prose ensorcelante. Les lettres de Will et Meta s’imposent comme un miroir de la vie du protagoniste qui voit ainsi une partie de son existence se révéler.
Jacobo Bergareche signe un ouvrage éblouissant, une vibrante exploration sur la perte de l’amour, l’infidélité, le désir et surtout, sur une certaine idée du bonheur. Le bonheur des jours parfaits, de ces petits riens qui remplissent une journée à deux à l’instar de la mythique chanson de Lou Reed, Perfect day que le romancier espagnol reprend également dans son livre.
« Quand je relis cette lettre si privé et si étrangère, si loin dans le temps, j’ai l’impression qu’elle a été écrite pour que je te l’envoie à toi, en elle vit encore, tournoyant dans un présent inextinguible, prisonnier d’une fin d’après-midi d’avril 1936, le désir de Bill (il signe ainsi la plupart de ses lettres) d’être avec la personne qu’il désirait, en elle ce désir prend voix et forme, il devient langage pour parvenir jusqu’à elle. Ce même désir que j’époussète à présent, et qui me sert de miroir, me renvoie le reflet de la première nuit ou j’aurais été capable de t’écrire avec autant d’effusion un message qui se serait terminé par Je te verrai demain. Demain. Demain. »
Crédits Photo : Coco Dávez (Portrait de Jacobo Bergareche)
INFOS ÉDITEUR
- Titre original : Los días perfectos
- Langue originale : espagnol (Espagne)
- Date de sortie : septembre 2024
- Traduction : Maïra Muchnik
- Pages : 224
- Prix : 20.80 €
- Éditeur : Actes Sud