Le 8.04 THISISPAIN au Théâtre de Suresnes Jean Vilar

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Après une douzaine de représentations au Théâtre du Rond-Point en novembre 2024, THISISPAIN, la nouvelle création du chorégraphe israélien Hillel Kogan, prend ses quartiers au Théâtre de Suresnes Jean Vilar. À la croisée de la danse contemporaine, du flamenco traditionnel, du théâtre et du stand-up, le duo qu’il forme avec la danseuse flamenca Mijal Natan distille une expérience immersive qui explore avec humour et acuité les questions d’identité, de culture et de genre.

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Comme un touriste en terre flamenca…

Bien connu des amateurs de danse contemporaine pour ses créations We Love Arabs (2013), What Now ? (2019) et Dancer is the answer (2019) et sa carrière au sein de la célèbre Batsheva Dance Company, le chorégraphe et danseur israélien Hillel Kogan se distingue par une approche réflexive sur son art, interrogeant avec mordant sa sémiotique, ses rapports de pouvoir, sa finalité…

Et THISISPAIN ne déroge pas à la règle…

« Dans THISISPAIN, je suis un touriste issu de la danse contemporaine qui visite le monde du flamenco. Avec moi, Mijal Natan, une artiste israélienne de flamenco, prestigieuse et expérimentée. Pourquoi une israélienne et le flamenco ? Qu’est-ce que vient faire Hillel Kogan, un chorégraphe israélien, avec le flamenco ? »

Au coeur de cette nouvelle création, une multitude de questions, mais aussi quelques certitudes. Adepte des travaux de Judith Butler et de la queer théorie, le chorégraphe postule d’emblée que « l’identité n’est pas une essence mais plutôt une performance. Et moi, Hillel, je veux performer l’espagnol. »

Ainsi, pendant près d’une année, Hillel Kogan s’est plongé corps et âme dans la danse et la culture flamenca avec à ses côtés l’une des danseuses les plus reconnues d’Israël, Mijal Natan, disciple de Sylvia Duran, pionnière de la danse flamenca en Israël et de grands maîtres espagnols tels que Javier Cruz, Manolo Marin ou Paco Fernandez.

Sur la scène du Théâtre de Suresnes Jean Vilar

Sur scène, la danseuse Mijal Natan commence par décliner avec fougue et précision les palos sous le regard attentif du chorégraphe… Jusqu’à ce que celui-ci intervienne et qu’un dialogue s’amorce entre eux. Au coeur de leurs échanges, la question de l’Espagne et du flamenco : « L’Espagne, c’est Picasso, la guitare classique, les corridas, Carmen, les éventails, les castagnettes, la tortilla, la passion, le sexe, les belles plages, Almodovar, Penelope Cruz, Julio Iglesias, Franco, Colomb, l’expulsion des juifs, les gitans, l’Inquisition, l’âge d’or, Don Quichotte, Dali, Goya, vin, pois noirs, rouges et blancs. » nous dit Hillel Kogan qui s’attache dès lors, à grands renforts d’humour noir et de dérision, à faire voler en éclat tous ces clichés pour mieux questionner les racines identitaires qui nous enferment…

Juif, catalan, andalou, gitan, quelle importance nous dit finalement le chorégraphe israélien qui confesse s’être toujours senti tel un indigène dans chaque pays qu’il traversait… Pour Hillel Kogan, l’identité n’est pas déterminée par la naissance, mais est un phénomène complexe et mouvant, guidé par l’expérience et le mot PAIN trônant sur la scène est là pour nous le rappeler. En mettant en parallèle la douleur du peuple espagnol et celle du peuple israélien, le chorégraphe créé un pont inattendu entre ces deux cultures et nous invite à porter notre regard au-delà des clichés et des représentations.

Avec THISISPAIN, Hillel Kogan et Mijal Natan délivrent un spectacle flamboyant qui déconstruit les clichés du flamenco pour mieux le célébrer dans ce qu’il est au plus profond de lui-même, une expression libre, universelle et spontanée qui se moque bien des frontières et des crispations identitaires.

Crédits photo principale : THISISPAIN © L. Boulud

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