Il existe des pays où le cinéma est un luxe, tant la production est rare et ne se distille qu’au compte-gouttes. Voir un film bolivien à Paris relève quasiment du miracle, mais parfois, ils se produisent. Présenté à la Mostra de Venise, Le grand mouvement de Kiro Russo relate l’histoire d’Elder, un jeune qui débarque à La Paz avec ses amis et ses collègues mineurs afin de protester contre son renvoi des mines de Huanuni.
La Paz, une fourmilière à ciel ouvert
Perchée entre 3200 et 4000 mètres d’altitude selon les quartiers qui la composent, la capitale bolivienne semble toucher à a fois le ciel et l’enfer. À la différence de la plupart des grandes villes, La Paz est l’une des rares cités où les pauvres vivent en hauteur tandis que les riches logent en contrebas.
Avec sa caméra, Kiro Russo a choisi de nous montrer les entrailles de cette ville tentaculaire. Une véritable fourmilière à ciel ouvert où se côtoient architecture hispanique et tours modernes en construction, surgissant telles des champignons de-ci de-là. Une ville qui ne connait pas le silence et qui vit dans un bruit de fond permanent, alimenté par les klaxons, les marteaux-piqueurs et les voix des vendeurs à la criée.
« La Paz est une ville où l’on voit toujours plusieurs quartiers, y compris ceux de la montagne en face. On voit les maisons, mais on ne voit pas les gens. Quand on zoome, on peut voir les détails, un autre monde que celui vu de loin. Cette relation, entre pouvoir voir et ne pas voir, me semble très proche de l’idée de l’individu face à la foule. Nous sommes immergés au milieu d’une foule mais nous ne voyons personne. » Explique ainsi Kiro Russo.
Elder, un jeune mineur qui se bat
Le jeune Elder débarque dans cette mégalopole désordonnée en tant que mineur venant tout juste d’être licencié. Entouré de ses amis, il cherche un travail afin de subvenir à ses besoins.
À force de chercher, les jeunes finissent par trouver des petits boulots sur le marché Rodríguez, mais Elder va rapidement tomber malade. Une étrange fièvre le cloue littéralement au lit. C’est alors qu’on appelle à son chevet Max le sorcier, un personnage qui vit comme un ermite, en pleine nature à la lisière de la ville, et qui pratique des rituels de guérison ancestraux.
Entre fiction et documentaire, le réalisateur bolivien réussit à attraper le spectateur avec cette histoire quasi hallucinatoire. Une histoire qui met en exergue la précarité au travail, l’urbanisme sauvage, mais aussi l’importance du mysticisme et de la spiritualité au sein de nombreuses communautés latino-américaines.
FICHE DU FILM
- Titre original : Le grand mouvement
- De : Kiro Russo
- Avec : Julio Cecar Ticona, Israel Hurtado, Francisca Arce de Aro
- Date de sortie : 30 mars 2022
- Durée : 1h 25 min
- Distributeur : Survivance
