Inspiré du roman éponyme de l’activiste, écrivain et artiste plasticien chilien Pedro Lemebel, Je tremble, ô matador dresse le portrait touchant et engagé d’un travesti dans le Chili de Pinochet. Rodrigo Sepúlveda Urzúa a su porter avec audace sur grand écran ce texte emblématique de la culture queer latino-américaine. Dans le rôle principal, l’énormissime Alfredo Castro signe une interprétation hors norme.
La périlleuse aventure d’un travesti dans le Chili de Pinochet
Chili, 1986. Entre paillettes, lumières tamisées, rires et chansons, la fête bat son plein dans un local gay clandestin de Santiago. Sur scène, la star de ces lieux, la drag-queen Potoloco fait monter la température. Tout à coup, un groupe d’hommes armés fait irruption dans la salle. Le bilan est lourd. Les militaires ont tué la chanteuse et arrêté plusieurs participants.
Par miracle, la protagoniste de notre histoire, La Loca, campée par Alfredo Castro, est parvenue à s’échapper de justesse en se cachant dans une ruelle obscure grâce à l’intervention d’un jeune inconnu. Cette rencontre avec Carlos, un révolutionnaire idéaliste originaire du Mexique, marquera un avant et un après dans la vie de La Loca. Très impressionnée par son geste, elle décide de l’aider à son tour en gardant chez elle des documents secrets en dépit des risques qu’elle peut encourir.
Une folle si lucide et éblouissante
Alfredo Castro, l’un des acteurs phares du cinéma chilien, a été choisi pour se glisser dans la peau de La Loca. L’acteur incarne avec brio ce travesti sur le déclin qui vit à l’intérieur d’une cour délabrée et est obligé de se prostituer pour survivre. Un personnage qui nous rappelle beaucoup ceux d’Almodóvar et qui irradie une lumière et une humanité de tous les instants.
« Pour concevoir mon interprétation, j’ai discuté avec deux amis très proches de Lemebel, à qui j’ai posé deux questions. La première, est-ce que je devais faire la folle ? Ils m’ont répondu que non. La deuxième, devais-je parler en argot ? Ils m’ont également répondu que non. Un troisième point d’appui de ma proposition a été mon envie personnelle de donner au rôle la dignité complète qu’il méritait, parce que Pedro Lemebel a été un auteur et un activiste gay LGBTQI extrêmement puissant et courageux. »
Mention spéciale à la bande-son du film sur laquelle on retrouve notamment Peggy Lee, Diego El Cigala, Lola Flores, Paloma San Basilio ou Chavela Vargas et qui participe de façon surprenante à la narration de l’histoire.
FICHE DU FILM
- Titre original : Tengo miedo torero
- De : Rodrigo Sepúlveda Urzúa
- Avec : Afredo Castro, Leonardo Ortizgris, Luis Gnecco
- Date de sortie : 15 juin 2022
- Durée : 1h 33 min
- Distributeur : Outplay Films
