C’est un monumental hommage à la musique brésilienne qui débarque en juillet dans les salles obscures. Saravah (1969) du fou de musique et de cinéma Pierre Barouh, créateur de label du même nom, est un hommage à la bossa nova, à la samba et à leurs musiciens. Voici l’occasion, après 50 ans de diffusions sauvages, de découvrir ce long métrage en version sous-titrée et restaurée avec le soutien du CNC.
Un dénicheur de musiques
Entre la musique et Pierre Barouh, c’est une longue et fructueuse histoire d’amour. Il fut par exemple le parolier du célébrissime « La Bicyclette » d’Yves Montand ou de la chanson titre d’« Un homme et une femme » de Claude Lelouche, deux chansons composées par son célèbre ami Francis Lai, icône de la musique de films des années 60 et 70. Mais l’une de ses plus grandes réussites est sans doute la création du label Saravah, un mot africain signifiant le salut, la bénédiction et qui a largement contribué à faire connaître la bossa nova dans l’hexagone.
Dans ce film documentaire unique en son genre tourné au Brésil, Pierre Barouh retrouve son ami Baden Powell à Rio de Janeiro et fait la rencontre de figures emblématiques du choro et de la samba tels le chanteur et saxophoniste Pixinguinha, le compositeur João da Baiana ainsi que leurs disciples qui deviendront très vite des stars de la bossa nova, comme la chanteuse Maria Bethânia ou le compositeur Paulinho da Viola.
Un film documentaire tourné en trois jours
Comme souvent dans la vie, tout a commencé de manière fortuite :
« Une nuit de traîne, à Paris, je rencontrai chez Castel Pierre Kast, cinéaste reconnu qui projetait de tourner un documentaire au Brésil sur la Macumba et le Candomblé … Sachant que j’entretenais des rapports privilégiés avec, entre autres, Baden Powell, Vinicius de Moraes et Maria Bethânia, il me proposa de le rejoindre à Rio de Janeiro deux mois après son départ imminent. Je disposerais d’une dizaine de jours, car il prévoyait une parenthèse avant de prolonger son tournage à Salvador de Bahia… », racontait Pierre Barouh en 2012 dans son livre Les rivières souterraines.
Finalement, Pierre Barouh n’a eu que trois jours pour tourner son film car l’équipe de Pierre Kast devait repartir soixante-douze heures après son arrivé : « Tôt le lendemain, mardi, je me rends chez Baden Powell. Nous envisageons ce qu’il est possible de faire en trois jours. Il évoque Pixinguinha et João da Baiana, deux figures mythiques. Je joins Maria Bethânia et Paulinho da Viola avec qui j’avais sympathisé lors d’un récent séjour et qui amorçaient leurs éblouissants parcours. Reste à mobiliser le caméraman et l’ingénieur du son, avec lesquels Pierre Kast ne parle plus. Je les réunis et leur annonce que demain, mercredi, nous allons tourner…Scepticisme… d’autant que je précise humblement que c’est ma première expérience cinématographique, que nous n’avons que trois jours et que je compte sur eux », ajoute le réalisateur dans ce même ouvrage.
Le résultat ? C’est un document essentiel et passionnant tourné sur la plage d’Itaipu à Niteroi, face à la baie de Rio de Janeiro. Là, musiciens et cinéaste dialoguent, passent du bon temps mais aussi et surtout, chantent et jouent de la musique dans une ambiance festive, conviviale, pleine de légèreté…
Un film incontournable pour tous les amateurs de la musique brésilienne !
Crédits photos : Arizona Films (photo de couverture)
FICHE DU FILM
- Titre original : Saravah
- De : Pierre Barouh
- Avec : Baden Powel, Pixinguinha, Joao da Baiana, Maria Bethânia
- Date de sortie : 10 juillet 2024
- Durée : 1h00
- Distributeur : Arizona Films