Le 06.11. L’affaire Nevenka d’Icíar Bollaín

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Nul ne sait la souffrance d’une victime faisant face à une situation de harcèlement sexuel. Si de surcroît, le harcèlement se produit dans un cadre professionnel, le sentiment d’être piégé est permanent. Pour son nouveau film, Icíar Bollaín met la lumière sur une histoire sordide qui a défrayé la chronique en Espagne pendant des mois… La protagoniste, Nevenka, tout juste sortie de l’Université et nommée conseillère municipale à seulement 25 ans, était la proie parfaite pour le populaire et tout-puissant maire d’une commune du nord de l’Espagne.

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L’histoire du premier #MeToo espagnol

L’affaire Nevenka a marqué un point de rupture, un avant et un après au sein de la société espagnole. Il fut le premier #MeToo à une époque, la fin des années 90, où il était quasiment tabou d’évoquer le sujet. Ce fut également la première fois qu’un homme politique fut accusé de harcèlement.

Tout commence le jour où Nevenka décide d’accepter la proposition du maire de sa ville natale de se présenter aux élections municipales. Elle était loin de se douter que cette décision allait briser sa vie et celle de sa famille. Avec son diplôme en poche, la jeune femme quitte Madrid pour s’installer à Ponferrada avec l’envie de se consacrer à la politique et de travailler pour ses concitoyens.

Pour Icíar Bollaín, porter cette histoire sur grand écran relevait quasiment de l’évidence : « Nevenka Fernández était une pionnière. Ce qui m’a frappée, c’est qu’elle s’est battue contre vents et marées et qu’elle a mené cette bataille presque toute seule. Le maire, Ismael Álvarez, était un homme très puissant et dont la cote de popularité était au plus haut. Il était également proche de sa famille. Nevenka était, d’une certaine manière, l’une des leurs. Quand elle s’est opposée à lui, elle s’est retrouvée isolée de son propre groupe et de sa famille, ce qui ne l’a pas empêchée de poursuivre son combat. Et elle a gagné, ce qui était une première en Espagne. »

Une femme face à tous

À la manière d’un thriller, la réalisatrice madrilène réussit avec L’affaire Nevenka à faire revivre cette période sombre de la vie de cette femme en souffrance. « La fiction permettait de vivre l’histoire avec Nevenka, de ressentir sa terreur et son angoisse, à mesure qu’elle s’enfonce dans l’abus et qu’elle s’en libère. Je voulais raconter en quoi consiste cet abus, afin qu’on le comprenne et qu’on le vive avec elle : la claustrophobie, le sentiment qu’il n’y a pas d’échappatoire… » ajoute ainsi Bollaín.

Ce qui frappe profondément, c’est la terrible solitude dans laquelle se retrouve Nevenka, solitude que la réalisatrice arrive à saisir parfaitement. À part sa famille, son compagnon de l’époque et son avocat, personne ne la soutient. Les critiques envers elle sont accablantes et le traitement de l’affaire par les médias y est pour beaucoup. Même lors du procès, on ressent ce manque d’empathie et de compréhension, notamment à travers l’attitude et les paroles du procureur qui semblent étrangement à charge… Des paroles qui ont été reprises à l’identique dans le film.

Pour incarner Nevenka, Icíar Bollaín a choisi l’actrice Mireille Oriol qui campe avec justesse et sensibilité cette femme harcelée et pointée du doigt par une société conservatrice qui la considère coupable de ce que lui arrive. Quant à Ismael Álvarez, ce politicien charismatique et très apprécié au sein de son parti, il est incarné par le talentueux Urko Olazábal.

Les images gorgées d’émotion qui nous sont parvenues du Festival de Saint-Sébastien lors de la présentation officielle du film, où l’on découvre une Nevenka Fernández profondément émue aux côtés de l’équipe du film, nous font penser qu’avec ce long métrage, une forme de justice et de reconnaissance lui sont enfin rendus. En effet, même si elle a gagné son procès, Nevenka a dû malheureusement quitter son pays et refaire sa vie ailleurs en raison de la pression sociale et médiatique.

Crédits photos : Epicentre Films (photo de couverture)

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FICHE DU FILM

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