Le couple de réalisateurs João Salaviza et Renée Nader Messora retourne avec son second long métrage au Brésil, en terres amazoniennes, aux côtés du peuple Krahô. Cette fois-ci, et à la différence de leur précèdent film Le chant de la forêt, superbe ode à la nature et aux peuples autochtones auréolé du prix du jury à Un certain regard à Cannes (2018), ils ont souhaité pointer du doigt les menaces qui pèsent sur la communauté Krahô.
Un film engagé pour la survie d’un peuple
Depuis de nombreuses années, les Krahô font face à des situations qui mettent en péril leur survie : des braconniers à la recherche d’animaux exotiques, notamment des oiseaux, des éleveurs de bovins et qui souhaitent plus de terres, des politiques mises en place par Bolsonaro qui dévastent des hectares de forêt… Pas étonnant que la communauté se sente menacée et que la mère de la petite Patpro consulte le chaman au sujet des cauchemars qui empêchent la fillette de dormir.
Pour João Salaviza et Renée Nader Messora, « le film relate les tensions qui existent entre les communautés autochtones et les villages voisins, mais il convoque également tout un imaginaire poétique lié à la mémoire collective des communautés, à leurs rêves, leurs mythes ou encore leur rapport fascinant à l’invisible. Tout cela constitue une toile de fond complexe qui imprègne le film et nous permet de réfléchir, très sensoriellement, à la manière dont les Krahô organisent leurs récits. Ils élaborent leur histoire selon leurs propres concepts, leurs propres principes et leurs propres mots. »
La fleur de Buriti met ainsi en exergue l’importance de la tradition orale ainsi que le respect des coutumes ancestrales au sein de la communauté. À la manière d’un conte peuplé de créatures mythologiques, le film plonge le spectateur dans un quotidien fascinant où les croyances et les rites font partie de la vie de tous les jours… L’homme y a trouvé sa place et vit en symbiose parfaite avec la nature.
Les Krahô passent à l’action
L’histoire du film se déroule à trois époques différentes. Les deux premières sont marquées au fer rouge par la violence : en 1940, avec le massacre des Krahô perpétré par des agriculteurs désireux de s’accaparer leurs terres, puis en 1964, sous la dictature militaire.
Quant à la troisième époque, elle ouvre une lueur d’espoir et fait écho au dicton « plus jamais un Brésil sans nous ». Ces dernières années, les Krahô ont compris qu’une présence politique des peuples autochtones au niveau institutionnel était nécessaire, pas seulement pour défendre leurs droits, mais aussi pour sensibiliser les populations au respect de la planète.
Ainsi, après de longues discussions, deux représentants des Krahô décident de se rendre à Brasilia aux côtés des milliers d’autochtones venus de différentes régions pour protester contre les abus du gouvernement Bolsonaro.
Crédits photos : Ad Vitam Distribution (photo de couverture)
FICHE DU FILM
- Titre original : La fleur de Buriti
- De : João Salaviza et Renée Nader Messora
- Date de sortie : 1er mai 2024
- Durée : 2h03 min
- Distributeur : Ad vitam Distribution