Si le flamenco est né du voyage, quoi de plus naturel que de le faire voyager en retour ? Nul doute qu’en 40 ans de carrière, le virtuose de la six cordes Juan Carmona a fait franchir mille et une frontières à l’art andalou… Pour ce 13ème album, c’est au confluent du flamenco, du jazz et des musiques latines qu’il a choisi de nous emmener.
Juan Carmona, le flamenco et le monde
Juan Carmona, c’est le flamenco dans sa plus pure expression, mais aussi dans ses plus belles embardées, ses irrépressibles envies d’ailleurs… Depuis maintenant quatre décennies, le guitariste explore les mille et une facettes de l’art andalou qui, sous ses doigts agiles, peut se teinter de jazz, embrasser un orchestre symphonique ou partir aux quatre coins du monde, du Maghreb au Moyen-Orient tout en passant par l’Inde ou le Japon.
Au-delà d’une technique irréprochable et d’un duende de tous les instants, il y a chez cet artiste une insatiable curiosité, un appétit de voyages et de rencontres qui n’ont eu de cesse, au fil de sa carrière, de nourrir sa créativité… Ainsi, Marcus Miller, Larry Coryell, Baden Powell ou Al Di Meola sont autant de monuments musicaux avec lesquels Juan Carmona a déjà eu le loisir de dialoguer.
Emmener la tradition flamenca vers de nouveaux horizons s’est imposé comme une authentique marque de fabrique, comme en témoignait en 2021 le très remarqué Zyriab 6.7, un opus qui nous emmenait dans le bassin méditerranéen, de Bagdad à Cordoue, sur les traces du poète et musicien du IXe siècle Zyriab.
Avec Laberinto de luz – un 13ème opus qui marque ses quarante ans de carrière – Juan Carmona a choisi d’arpenter de nouveaux sentiers, ceux du latin jazz avec à ses côtés un combo cubano et une pléiade d’invités parmi lesquels des artistes de la trempe du guitariste américain Al Di Meola, de la chanteuse espagnole Montse Cortés ou de l’orchestre turc Istanbul String.
Laberinto de luz, quand le flamenco s’éprend du latin jazz…
C’est en Espagne, à Madrid, que Juan Carmona a fait la rencontre de musiciens cubains avec lesquels il a posé les fondations sur lesquelles repose ce nouvel album à la croisée du flamenco, du jazz et des rythmes latins.
Un nouvel album qui, dès sa première écoute, a conquis le maestro de la guitare jazz Al Di Meola : « j’ai été émerveillé par la diversité et la profondeur des voix, ainsi que par l’exceptionnelle virtuosité de son jeu à la guitare. Cet album, magnifiquement produit, met en avant des compositions contemporaines qui enveloppent chaque morceau d’une atmosphère captivante, toujours portée par la magnifique guitare de Juan » nous dit-il.
« La diversité et la profondeur des voix ? »
On ne saurait mieux dire ! En effet, ce sont pas moins de treize chanteuses et choristes qui illuminent de leurs voix ce labyrinthe de lumière.
Au-delà de sa belle alchimie de styles, Laberinto de luz s’impose aussi comme un hommage aux voix féminines, des plus respectueuses de la tradition comme Montse Cortés ou María Peláe aux plus sensibles au jazz et aux musiques actuelles comme Elena Salguero ou Alba Moreno.
« Magnifiquement produit ? »
Là encore, Al Di Meola a le sens de la formule car la chaleur analogique qui émane des prises de son de Laberinto de Luz nous renvoie à l’âge d’or de labels jazz mythiques tels que Blue Note ou CTI.
« La magnifique guitare de Juan ? »
Elle est bien là, plus habitée que jamais…
Tout commence par Tesoro de melodias, magnifique titre d’ouverture d’où surgit une voix flamenca puissante comme le fracas d’un orage, mais qui s’efface peu à peu pour laisser place à une rumba ensoleillée sur laquelle les guitares de Juan Carmona et d’Al Di Meola s’en donnent à cœur joie. Un titre aussi virtuose qu’entraînant, qui place d’emblée très haut la barre de l’excellence…
Notre voyage se poursuit avec Laberinto de Luz, titre éponyme en parfait équilibre entre harmonies flamencas et afro-cubaines, ponctué d’un solo de piano de haute volée et jalonné d’une myriade de voix aussi euphorisantes qu’inspirées.
Après un Dejando Sonidos où les chœurs féminins flirtent avec le scat et un Aroma de tierra onirique à souhait, Juan Carmona nous surprend avec Música en mi boca, un brûlot jazz-funk 70’s sur lequel basse slappée, cocottes de guitare funk, palmas, chant flamenco-soul et solos de guitare inspirés convolent à l’unisson.
In fine, en dépit d’une très large palette d’influences et de sonorités, Laberinto de Luz s’affirme comme un album d’une remarquable cohérence en raison de la fluidité de son écriture et de ses arrangements, mais aussi grâce à l’implication évidente des nombreuses chanteuses et musiciens invités qui ont accompagné Juan Carmona sur ce projet.
À écouter d’urgence ! Notez aussi que Juan Carmona sera en tournée dans toute la France avec des passages pour la région parisienne à Stains le 3 juin, Fontenay-Sous-Bois le 6 juin et Tremblay-En-France le 13 juillet 2025.
Crédits photo : Juan Carmona © Franck Loriou
FICHE ALBUM

- ARTISTE : Juan Carmona
- TITRE : Laberinto de Luz
- DATE DE SORTIE : 4 avril 2025
- LABEL : Nomades Kultur / L’Autre Distribution