Disponible sur Arte.tv, cette série signée Javier Ambrossi et Javier Calvo – A.K.A Los Javis en Espagne – explore les traumatismes de l’enfance, le poids du fanatisme religieux et la capacité de résilience face à un passé douloureux. Héritiers naturels de Pedro Almodóvar, le couple d’acteurs-réalisateurs s’est confronté avec La Mesías « au plus grand défi de sa carrière ». Ils signent un thriller remarquable qui mêle avec brio suspense, humour et tragédie.
Voyage dans une enfance brisée
La série démarre en suivant les pas d’Enric, un assistant caméraman qui travaille au pied du massif de Montserrat en Catalogne, un lieu mystique où l’on dit que des voix se font entendre et que des phénomènes paranormaux se produisent.
Un soir, sur la télévision du bar de l’hôtel, un clip vidéo d’un groupe catho-pop féminin nommé Stella Maris trouble profondément Enric. Le groupe de musique chrétienne ultra-kitsch n’est pas sans rappeler Flos Mariae, un véritable phénomène viral en Espagne dans les années 2010.
Au sein de ce girls-band, Enric reconnaît instantanément ses demi-sœurs. Cette vision fait ressurgir en lui un passé qu’il tentait de fuir depuis des années. En effet, aux côtés de sa sœur Irene, il est parvenu à s’extirper de l’emprise toxique de leur mère, Montserrat.
L’emprise d’une mère
Ce sont les actrices espagnoles Ana Rujas, Lola Dueñas et Carmen Machi qui interprètent à tour de rôle cette mère toxique à différentes étapes de sa vie. Après une enfance particulièrement difficile, elle se marie à 17 ans et finit par quitter son mari violent avec ses deux premiers enfants, Enric et Irene, magistralement incarnés par Roger Casamajor et Macarena García.
Elle les entraîne alors dans une vie faite d’errance et d’excès avant de sombrer dans le catholicisme le plus fondamentaliste. Cette bascule s’opère quand elle rencontre un homme mystique qui voit en elle une « élue » et qui l’entraîne alors dans une spirale sectaire. Avec lui, elle aura encore cinq autres enfants.
Enric souhaite sauver les jeunes filles de cette mère dangereuse, proche de la folie, qui prétend incarner la voix de Dieu. Avec sa sœur, ils vont tenter de retrouver leur famille qui vit désormais retirée du monde.
Une série encensée par la critique
La Mesías a secoué plus d’un téléspectateur lors de sa diffusion en Espagne l’an dernier. Gratifiée de six prix Feroz – le pendant espagnol des Golden Globes américains – parmi lesquels ceux de la meilleure série dramatique et du meilleur scénario, La Mesías s’est aussi vue doublement primée au prestigieux festival Séries Mania de Lille.
Qualifiée de « grenade dramatique » par le journal La Vanguardia ou d’« œuvre majuscule » dans la lignée des films les plus marquants de Michael Haneke par le quotidien El País, La Mesías s’impose comme un témoignage poignant sur la capacité humaine à survivre puis à se reconstruire tout en nous invitant à explorer la complexité des rapports familiaux. En mêlant avec brio fiction et réalité, la série s’affirme comme un authentique chef-d’œuvre, une œuvre majeure dans la production espagnole contemporaine.