Malgré l’immense production des dessins de Julio Le Parc, rares ont été les expositions à avoir privilégié cette facette, à l’exception de celle organisée à la Serpentine Gallery de Londres en 2014 et celle du Museo Nacional de Bellas Artes de Buenos Aires en 2019 pour les 90 ans de l’artiste. La MAL propose à son tour de faire (re)découvrir au public parisien toute une vie de dessins qui permet de jauger de l’évolution de son style et de son engagement politique à travers le temps.


Julio Le Parc, l’artiste qui dessine même au téléphone

À l’entrée, un grand mobile conçu spécialement pour l’occasion, composé de petits carrés noir de plexiglas, souhaite la bienvenue au visiteur. Même si cette exposition est consacrée aux dessins de Julio Le Parc, n’oublions pas que l’artiste argentin, membre fondateur du GRAV (Groupe de Recherche d’Art Visuel) reste l’une des plus grandes figures de l’art cinétique au monde.

Rassemblant plus de 400 œuvres, l’exposition met en lumière les travaux en matière de dessin de cet artiste né à Mendoza en 1928 et naturalisé français depuis les années 1980. Pour l’historienne de l’art Domitille d’Orgeval, « Les dessins présentés dans l’exposition, dont les premiers remontent aux années d’études de Julio Le Parc à l’école des Beaux-Arts de Buenos Aires, révèlent l’étendue d’une pratique artistique dont les préoccupations plastiques et idéologiques ne se limitent pas au domaine strict de l’art cinétique. »

Ainsi, de nombreux dessins témoignent de son activisme politique, notamment ceux réalisés lors des événements de mai 1968 auxquels Julio Le Parc participa activement dans le cadre des Ateliers populaires. On découvre également sur place les caricatures et les dessins au téléphone, à main levée, réalisés au crayon ou au stylo à bille. En effet, même lorsqu’il est au téléphone, l’artiste ne peut s’empêcher de dessiner : « Il se met toujours à dessiner, c’est quelque chose de plus fort que lui », explique Yamil le Parc, son fils.

Julio Le Parc, Dessins Historieta,
29,7 x 42 cm, 1978. Photo : Atelier Le Parc
Julio Le Parc, Dessins Historieta, 29,7 x 42 cm, 1978 © Photo : Atelier Le Parc

Point central de l’exposition, la salle consacrée à l’œuvre Historieta (1997), conçue comme un petit théâtre. Ici, Le Parc met en scène sur un ton acerbe des personnages découpés pour dénoncer la « face cachée de l’art, de l’artiste et de son contexte social. »

Une plongée dans la vie d’un artiste engagé et visionnaire

À travers les dessins de Julio Le Parc, la MAL a souhaité retracer la vie de cet artiste hors pair, mettant alors en exergue les temps forts qui ont jalonné sa trajectoire artistique, de ses années de formation en Argentine en passant par son évolution rapide vers l’abstraction, de la fondation du GRAV à sa participation aux événements de mai 1968.

Image Julio Le Parc, Dessin au téléphone, 10 x 10 cm, 1978. Photo : Atelier Le Parc
Julio Le Parc, Dessin au téléphone, 10 x 10 cm, 1978 © Photo Atelier Le Parc

« Les dessins réunis pour la Maison de l’Amérique latine proposent une véritable plongée dans la vie de Julio Le Parc et témoignent du caractère prolifique de sa création. Qu’ils soient figuratifs ou abstraits, porteurs d’un message politique ou purement plastique, exécutés avec la précision de l’ingénieur, l’esprit mordant du caricaturiste ou la sensibilité du poète, ils montrent comment l’artiste, au fil du temps (et du téléphone !), a créé une calligraphie fine, élégante et spirituelle. », ajoute Domitille d’Orgeval.

Crédits photo principale : Julio Le Parc, Dessins Historieta, 42 x 59,5 cm, 1978 © Photo : Atelier Le Parc


INFORMATIONS PRATIQUES


Affiche de l’exposition Julio Le Parc, Dessins au téléphone ou pas (2024)
  • TITRE : Julio Le Parc, Dessins au téléphone ou pas
  • LIEU : Maison de l’Amérique latine
  • ADRESSE :  217, bd Saint-Germain 75007 Paris
  • HORAIRES : du lundi à vendredi de 10h à 20h / Le samedi de 14h à 18h
  • DATES : jusqu’au 29 juin 2024
  • ENTRÉE :  libre
  • RENSEIGNEMENTS : Maison de l’Amérique latine