En quelques années, la performeuse, chorégraphe, autrice et metteuse en scène Marina Otero s’est imposée avec fracas sur les scènes européennes. Après avoir remporté le Prix du public au festival ZBK à Zürich en 2021, Fuck me s’est joué un peu partout sur le Vieux Continent, notamment au Théâtre de La Ville – Les Abbesses où il a connu l’an passé un vif succès. Sur scène, Marina Otero flanquée de six hommes-objets entièrement dévoués à sa cause, celle d’exprimer ses pulsions les plus intimes et de mettre en scène sa profonde douleur physique… Une douleur faisant partie intégrante du processus de création dans la mesure où Marina Otero a du complètement ré-imaginer Fuck me à la suite d’un accident l’ayant clouée au lit pendant près d’un an.
Marina Otero, une icône de la scène alternative de Buenos Aires
Née en 1984 à Buenos Aires, mais résidant à Madrid depuis quelques années, Marina Otero s’est rapidement distinguée par l’urgence de ses créations et la mise en scène radicale d’un corps dont elle a « parfois l’impression qu’il est possédé par un esprit maléfique ».
Adepte résolue de l’auto-fiction, ses créations se nourrissent systématiquement de ses propres expériences tout en essayant néanmoins de tendre vers une dimension universelle. Ses recherches artistiques autour de sa propre existence, regroupées sous l’intitulé Recordar para vivir, ont déjà donné naissance à Andréa en 2012 et Recordar 30 años para vivir 65 minutos en 2015.
Fuck Me, créé en 2020, clôture avec force la première trilogie de ce projet singulier au sein duquel musique, danse, performance, narration et montages vidéos se conjuguent pour ouvrir la porte à un champ cathartique d’une rare intensité.
Souvent considérée comme la danseuse la plus punk de sa génération, Marina Otero porte en elle le souffle de l’irrévérence, de la contestation ainsi qu’une volonté insatiable de repousser ses limites… jusqu’à mettre en péril sa propre intégrité physique.
En effet, fragilisé par de multiples chutes, son corps a fini par céder au beau milieu d’une répétition. Victime d’une triple hernie discale, elle doit alors subir une opération qui l’empêchera de se mouvoir normalement pendant près d’un an. Fuck me verra bien le jour, mais cette création qui devait initialement prendre la forme d’un solo sera complètement remaniée avec une Marina Otero en bord de scène, commentant des images de ses anciens spectacles ou de sa tumultueuse vie de famille tout en tirant les ficelles d’une chorégraphie savamment orchestrée…
Fuck me, un champ de bataille pulsionnel
Sur scène, six hommes hyper-sexualisés, vêtus uniquement de genouillères, font leur apparition. Ces hommes-objets, parfaitement interchangeables – et que Marina Otero nommera tous malicieusement Pablo – n’ont qu’une seule et même fonction : être le medium par lequel la chorégraphe pourra exprimer toute l’étendue de ses pulsions :
« Je m’imaginais que j’allais toujours occuper le devant de la scène, à l’instar d’une héroïne qui se vengerait de tous et de tout. Mais mon corps n’a pas suivi face à de telles batailles. Aujourd’hui, je cède ma place aux interprètes. Je vais les observer prêter leur corps à ma cause narcissique » explique-t-elle ainsi.
Aussi viscéral que transgressif, Fuck Me explore avec acuité la notion du temps qui passe et les multiples cicatrices qu’il laisse invariablement sur les corps. Un corps que Marina Otero, tel un démiurge du moi, se réapproprie totalement, exorcisant ses traumas et ses pulsions les plus intimes au moyen d’une scénographie résolument (d)étonante.
Un spectacle en espagnol sur-titré en français conseillé à partir de 16 ans.
INFORMATIONS PRATIQUES
- TITRE : Fuck me
- ARTISTE : Marina Otero
- AVEC : Augusto Chiappe, Cristian Vega, Fred Raposo, Juan Francisco Lopez Bubica, Matias Rebossio, Miguel Valdivieso et Marina Otero
- LIEU : Lycée Jacques Decour, 12 Avenue Trudaine 75009 Paris M° Anvers
- DATES ET HORAIRES : du 19 au 22 juillet 2023 à 22h
- TARIF : 22-28 €
- RÉSERVATIONS : www.parislete.fr
