Avec plus de deux millions de disques écoulés au fil des quinze dernières années, on ne présente plus Olivia Ruiz… Pourtant, en marge des autoroutes du succès, la chanteuse d’origine espagnole n’hésite pas à se lancer dans des projets plus atypiques ou personnels. Ce fut le cas en 2013 où elle incarna Candelas, la gitane de L’Amour Sorcier de Manuel de Falla, ou plus récemment encore avec La commode aux tiroirs de couleur (2020), un premier roman mêlant secrets de famille et tourbillon de l’Histoire à travers le portrait de Rita, une femme libre et moderne fuyant la dictature franquiste. Bouches cousues, son nouveau spectacle qui fera escale fin mars au Théâtre Jean Vilar de Vitry-sur-Seine, prolonge son questionnement sur ses racines espagnoles et nous plonge sans ambages dans les grands tourments de la retirada.
Une histoire de famille…
Une omerta. Pendant longtemps, à chaque fois qu’Olivia Ruiz questionnait ses grands-parents sur leur exil en France suite à l’avènement du régime franquiste, le silence ou l’évitement. Meurtris par cet événement, il leur était difficile d’en parler.
« Dans ma famille on ne pleure pas, on ne se plaint pas, on ne crie pas au monde qui on est. On se fait le plus petit possible. Trois de mes quatre grands-parents étaient nés là-bas et personne ne revendiquait cette empreinte, à l’exception de mes grand-mères, et encore… » explique-t-elle.
Cette histoire tragique, Olivia Ruiz la sent tapie au fond d’elle-même et ce n’est certainement pas un hasard si, le jour où elle commence à chanter en espagnol, sa voix se fait plus ombrageuse, porteuse d’accents dramatiques qu’elle ne se connaissait pas. Les stigmates de l’exil de sa famille semblent alors résonner à travers elle…
Viennent alors une multitude de questionnements sur l’exil, la résilience, la quête identitaire, la transmission, le silence… Autant de problématiques qui passionnent la chanteuse et l’idée d’un spectacle commence alors rapidement à germer.
…aux échos universels
Accompagnée par le metteur en scène Jérémie Lippman, auréolé de deux Molières en 2015 pour La vénus à la fourrure, Olivia Ruiz délivre un spectacle mêlant musiques, projections d’images d’archive et citations. Des chansons issues de son propre répertoire, mais également des chants populaires de lutte et de liberté qui s’affirment comme un authentique trait d’union entre toutes ces femmes et ces hommes qui vécurent dans leur chair la retirada.
Au-delà des trajectoires personnelles et de l’Histoire récente de l’Espagne, la chanteuse a pris le parti d’inscrire Bouches cousues dans une dynamique universelle. L’Histoire n’étant qu’un perpétuel recommencement, que peuvent nous dire les fantômes du passé sur la violence insensée de la crise migratoire actuelle ? Bien des choses, évidemment…
Vous pourrez ainsi retrouver ce spectacle le 27 mars au Théâtre Jean Vilar de Vitry-sur-Seine ainsi qu’en tournée dans toute la France cet hiver et au printemps.
INFORMATIONS PRATIQUES
- TITRE : Bouches cousues
- DE : Olivia Ruiz et Jérémie Lippman
- LIEU : Théâtre Jean Vilar, 1 place Jean Vilar 94400 Vitry-sur-Seine
- AVEC : Olivia Ruiz, Vincent David, Franck Marty, David Hadjadj, Mathieu Denis, Dimitri Vassiliu, Karine Morales
- DATES ET HORAIRES : le 27 mars à 18h
- RENSEIGNEMENTS : Théâtre de Jean Vilar de Vitry-sur-Seine
- TÉLÉPHONE : 01 55 53 10 60
