Banlieues Bleues fête cette année ses quarante ans ! Quatre décennies de concerts cultes, de Michel Petrucciani qui ouvrira le bal en 1984 aux derniers éclairs électriques de Miles Davis en 1988, d’un incroyable plateau hip-hop rassemblant en 1991 I AM, NTM et KRS 1, interrompu pour cause d’échauffourées dans le public, sans oublier ce concert de rêve qui verra en 1989 Nina Simone et Miriam Makeba se succéder sur scène, échangeant au passage un baiser immortalisé par Guy Le Querrec, cliché qui illustre superbement l’affiche de cette 40ème édition…
L’ADN de Banlieues Bleues
Dizzy Gillespie, Ray Charles, Max Roach, Stan Getz, Wayne Shorter, Ray Charles, Ornette Coleman, Sonny Rollins, Sun Ra, Abbey Lincoln, Al Green… Ouvrir la boîte à souvenir de Banlieues Bleues, c’est se lancer dans une litanie sans fin de noms prestigieux…
Oui, tous ces immenses artistes sont passés par la Seine-Saint-Denis, mais l’ADN de Banlieues Bleues ne saurait se résumer à un empilage de têtes d’affiches, aussi superbes soient-elles…. En effet, dès ses débuts, le festival a mis l’accent sur l’ouverture musicale, la découverte de nouveaux talents et la création, une philosophie qui l’habite depuis 40 ans.
Ouverture musicale ? Dès les années 80, Banlieues Bleues ouvrait sa programmation à la sono mondiale, en invitant notamment les africains Johnny Clegg et Fela Kuti.
Découverte de nouveaux talents ? Banlieues Bleues a servi de tremplin aux jeunes Aldo Romano et Louis Sclavis et, plus près de nous, a offert leur première scène hexagonale aux colombiens de Meridian Brothers et aux brésiliens de Metá Metá. Des choix visionnaires quand on considère la profonde influence qu’ont eu les années suivantes ces deux formations leurs scènes respectives…
Création ? En offrant la possibilité à de grands musiciens de faire de la musique avec des collégiens, les Actions musicales de Banlieues Bleues ont, au-delà d’un intérêt pédagogique évident, permis de produire des performances musicales épiques, véhiculant dans le public le sentiment de vivre un moment unique, comme suspendu dans le temps…
Ouverture musicale, découverte de nouveaux talents et création, tel est l’ADN de Banlieues Bleues, celui que le festival s’apprête à nous faire vivre pendant tout un mois…
Un week-end d’ouverture exceptionnel
Cap sur l’Université Paris 8 dès le vendredi 24 mars où neuf formations toutes plus talentueuses et défricheuses les unes que les autres vous attendent de pied ferme. Vous pourrez y découvrir le guitariste colombien Teto Ocampo et son groupe Mucho Indio, authentique courroie de transmission des rituels spirituels et musicaux de plusieurs communautés indigènes de Colombie, vous embarquer pour une relecture de l’Histoire intime d’Elephant Man par le fantasque et créatif Fantazio ou vous laisser emporter par l’incandescente Great Black Music de Ben LaMar Gay, à la croisée du jazz, du hip-hop et du spoken word.
Une soirée gratuite sur réservation via le site de Banlieues Bleues !
Le lendemain, un autre lieu exceptionnel vous ouvrira ses portes, les Grandes Serres de Pantin, une halle industrielle aux dimensions pharaoniques qui sera le théâtre de performances sous haute tension !
En effet, les artistes qui s’y produiront, Klein, Pollution Opera, Love and Revenge, Farida Mamou ainsi que Bridgett Ferrill et Áslaug Magnúsdóttir sont invités à s’emparer de cet immense espace pour des concerts à cheval entre musique et performance.
Là encore, rendez-vous sur le site de Banlieues Bleues pour vous inscrire !
Les artistes latins.
Le 30.03. Rocío Márquez y Bronquio au Nouveau Théâtre de Montreuil
Porte drapeau du flamenco contemporain, Rocío Márquez vient de signer aux côtés de l’artiste électro Bronquio Tercer Cielo, un album magistral dont nous vous parlions en détail il y a quelques semaines seulement. Autant dire que l’attente autour de ce concert est immense, d’autant qu’au-delà des Pyrénées, la déclinaison live de leur album fait l’unanimité. Immanquable !
Le 2.04. La Sonora Mazurén au Pôle Musical d’Orgemont.
C’est un dimanche à 17 heures à Epinay sur Seine que vous pourrez découvrir la nouvelle sensation musicale venue de Colombie, La Sonora Mazurén, un septuor déjanté dont le premier album à paraître sur Barbès Records a été produit par Eblis Álvarez tête pensante des Meridian Brothers. Au programme, cumbias, champetas et chichas péruviennes dopées au psychédélisme qui redéfinissent le champ des possibles de la fusion tropicale. Un cocktail musical à la fois roots et moderne dont le potentiel festif et dansant vous fera chavirer !
Le 5.04. Rokia Koné et Raül Refree à La Dynamo de Banlieues Bleues
C’est peu dire si le producteur et musicien Raül Refree a révolutionné la scène musicale ibère au cours de ces dix dernières années. De Rosalía à Rocío Márquez, de Sílvia Pérez Cruz à Niño de Elche d’Els Pets à Rodrigo Cuevas, tous les projets passés entre ses mains ont été couverts de succès. Ouvert à toutes les expérimentations – le barcelonais s’est essayé au fado aux côtés de la chanteuse Lina et fricote régulièrement avec l’ex Sonic Youth Lee Ranaldo – c’est aux côtés de la chanteuse malienne Rokia Koné que nous allons le retrouver. Une rencontre ibéro-malienne sous le signe de l’expérimentation, comme seul Banlieues Bleues peut nous proposer…
Le 14.04. Príncipe Discos à La Flèche d’Or
C’est dans ce lieu culturel emblématique du 20ème arrondissement que vous allez pouvoir onduler du bassin sur les beats acérés du collectif portugais Príncipe Discos. Nées dans la banlieue de Lisbonne, les soirées Príncipe Discos ont rapidement conquis le cœur de la capitale portugaise avant d’infuser le reste du monde. Mêlant sonorités capverdiennes et afros à des beats et des infrabasses technos, Príncipe Discos est le dépositaire d’un style unique qui met invariablement le feu au dancefloor. DJ Nigga Fox et DJ Marfox, piliers du collectif, seront accompagnés du jeune DJ Narciso avec pour seul objectif de vous faire danser !
Le 21.04 Emicida à l’Embarcadère d’Aubervilliers
Voilà une soirée de clôture qui fera le bonheur de la diaspora brésilienne et de tout amateur de hip-hop qui se respecte ! Emicida, figure incontournable du panorama musical auriverde, est une authentique bête de scène. C’est du reste au cours de battles hip-hop qu’il gagna son surnom d’Emicida, contraction habile des mots MC et homicida, tant il laissait pour mort ses adversaires dans ces joutes verbales… Devenu l’un des piliers de l’opposition au gouvernement Bolsonaro, le paulista n’a pas son pareil pour se faire le chroniqueur lucide et engagé d’une société brésilienne fracturée.
Après un New Morning archi-complet en septembre dernier, c’est à l’Embarcadère que le rappeur paulista nous donne rendez-vous pour ce concert remuant à souhait !
Attention, en lever de rideau, ne manquez pas The Silhouettes, un collectif londonien d’une vingtaine de membres dont la démarche et les sonorités ne sont pas sans rappeler celles de Sault, ce mystérieux projet musical britannique qui, ces dernières années, a propulsé la notion de collectif dans une toute nouvelle dimension.
Les autres temps forts du festival
Difficile de tous les énumérer, mais nous pouvons tout de même citer pêle-mêle le vétéran Ray Lema pour un set rumba jazz (le 31.03), un hommage rendu par Hamid Drake à Alice Coltrane (le 1.04), Jan Bang, le sorcier du live sampling (le 12.04) ou encore l’incontournable Marc Ribot en trio orgue-guitare-batterie pour revisiter les standards soul-jazz américains (le 18.04).
Tenez-vous prêts !
INFORMATIONS PRATIQUES
- TITRE : Festival Banlieues Bleues 2023
- LIEUX : Seine-Saint-Denis
- DATES : Du 24 mars au 21 avril 2023
- RENSEIGNEMENTS : www.banlieuesbleues.org
- TÉLÉPHONE : 01 49 22 10 10