Depuis le mois de juin, le Mémorial de Caen et la Fondation Gandur pour l’Art présentent Années pop, années choc 1960 – 1975, une exposition qui s’attache à éclairer l’Histoire par le biais de l’art. Regroupant une soixantaine d’œuvres d’artistes européens appartenant à la mouvance de la figuration Narrative, cette rétrospective explore, sur une période de 15 ans, les évènements majeurs qui ont marqué une vaste partie du XXème siècle.
L’essor de la figuration Narrative en Europe
Si en Angleterre, et plus particulièrement aux États-Unis, le pop art, incarné par des artistes tels qu’Andy Warhol ou Roy Lichtenstein fait rage, en Europe continentale apparait la figuration Narrative, un mouvement artistique qui se développe en France en réponse à l’abstraction très en vogue à cette époque. En effet, ces artistes utilisent pour la création de leurs œuvres des codes et éléments issus du cinéma, de la bande dessinée et de la publicité.
Les commissaires de l’exposition, Yan Schubert (Fondation Gandur pour l’Art) et Stéphane Grimaldi (Mémorial de Caen), expliquent : « Plus engagés et plus critiques face à l’actualité mondiale, ces artistes s’inscrivent contre l’hégémonie politique, économique et culturelle des États-Unis, au moment où New York supplante Paris comme capitale mondiale de l’art. Qu’ils dénoncent l’impérialisme américain, les dictatures de l’époque – en Espagne, au Portugal, en Argentine ou au Chili notamment – ou la menace nucléaire dans une période de confrontation entre les blocs, ils jettent un regard acéré sur leur époque et sur le monde qui les entoure, s’intéressant autant à ce qui se passe en Afrique et au Moyen-Orient qu’en Asie ou en Amérique du Sud. Mais ils soutiennent également les mouvements sociaux et politiques qui se développent en Europe à cette époque dans le sillage de Mai 68. »
Des artistes engagés
Pour mieux comprendre cette période charnière de notre histoire récente, l’exposition est organisée en dix sections thématiques parmi lesquelles on retrouve : la Guerre du Vietnam, Juger les criminels nazis, le Franquisme, Mai 1968, Mutations urbaines ou Consommation et tourisme de masse. Le Mémorial a souhaité mettre l’accent sur l’engagement sans faille des artistes appartenant à la Figuration narrative. Des artistes français et européens qui luttent par le biais de leur art contre la guerre et la dictature et se positionnent avec la même conviction en faveur des droits politiques et sociaux.
Le parcours de l’exposition débute avec la Guerre du Vietnam où vous pourrez découvrir le tableau Mélodie sous les palmes (1965) de Bernard Rancillac, repris pour l’affiche de l’exposition, ainsi que Viet Nam 70 (1970-1971) d’Ivan Messac, tous deux inspirés de la guerre qui ravagea ce pays du sud-est asiatique pendant environ 20 ans.
Dans Années pop, années choc 1960-1975, les artistes espagnols sont également représentés, notamment avec les peintures d’Eduardo Arroyo dont la production, fortement marquée par l’exil, distille une critique acerbe du régime franquiste. Vous pourrez également admirer les œuvres du collectif Equipo Crónica qui dénonce la connivence entre l’Église, l’État et l’Armée pendant la dictature. Sans non plus oublier l’œuvre de l’artiste catalane Aurelia Grau, qui détourne quant à elle le langage publicitaire pour mettre en exergue une critique cinglante de la société.
Crédits photo principale : One of the 36000 Marines over our Antilles (1965), Hervé Télémaque – Fondation Gandur pour l’Art, Genève. Photographe : André Morin © ADAGP, Paris, 2023
INFORMATIONS PRATIQUES
- TITRE : Années pop, années choc 1960-1975
- LIEU : Mémorial de Caen
- ADRESSE : Esplanade Général Eisenhower 14050 Caen
- HORAIRES : tous les jours de 9h30 à 19h00
- DATES : jusqu’au 31 décembre 2023
- TARIF : 10 €
- RENSEIGNEMENTS : Mémorial de Caen