Nominé aux Grammy Awards en 2019 dans la catégorie meilleur album latino tropical, l’Orquesta Akokán s’est fait souffler la politesse par les vieux briscards du Spanish Harlem Orchestra. Gageons qu’avec 16 Rayos, son second opus à paraître sur Daptone Records le 22 octobre prochain, le combo américano-cubain devrait cette fois-ci empocher le Saint Graal !
Le mambo en héritage
Faire revivre l’âge d’or de la musique cubaine tout en la précipitant dans une nouvelle dimension, tel était le pari gagnant du chanteur cubain résidant à New-York José ‘Pepito’ Gómez, du producteur et multi-instrumentiste new-yorkais Jacob Plasse (Chulo Records) et du pianiste et arrangeur Michael Eckroth. Rassemblant autour d’eux un formidable aréopage de musiciens parmi lesquels d’anciens membres d’Irakere, NG La Banda et Los Van Van, ils forment courant 2016 l’Orquesta Akokán avec pour objectif de revisiter les plus belles heures de la musique cubaine, de Pérez Prado à Arsenio Rodríguez tout en passant par Benny Moré.
« Ces artistes étaient de vrais innovateurs, ils ont été capables de fusionner les rythmes africains avec des harmonies européennes pour créer un son cubain unique en son genre. Et ils l’ont fait de façon extrêmement fluide et naturelle alors qu’il était clair que leur musique était totalement révolutionnaire » nous confiait à l’époque José ‘Pepito’ Gómez.
Signé sur l’impeccable label new-yorkais Daptone Records, leur premier album éponyme paru en 2018 remet instantanément sur le devant de la scène le mambo, mais aussi la rumba et le boléro :
« Ces styles ont tous une richesse rythmique incroyable. Une richesse telle qu’elle sera toujours une inspiration pour n’importe quel compositeur. Pour moi, dans cet âge d’or de la musique cubaine, il y a une palette expressive d’une profondeur infinie, bien plus que dans des styles plus modernes » poursuivait-il alors.
À l’instar de la congrégation d’artistes soul composant l’essentiel du catalogue de Daptone Records (Sharon Jones and The Dap-Kings, Budos Band, Charles Bradley, Menahan Street Band…), l’Orquesta Akokán ne s’est pas contenté de ressasser une partition mille fois entendue. Il l’a sublimée de bout en bout.
16 Rayos
Ce second album s’amorce de la même façon que leur tout premier essai : pas de chichis, pas de salamalecs, on entre d’emblée dans le vif du sujet ! Avec son imparable riff de cuivre emprunté à John Barry, Mi conga es de Akokán prend l’auditeur par la main et l’entraîne dans un de ces mambos fiévreux dont le groupe a le secret. Une parfaite entrée en matière pour goûter aux charmes de l’Orquesta Akokán.
Impressionnant de maîtrise, le combo américano-cubain déploie au fil des morceaux tout son savoir-faire, passant d’une guajira lascive à un cha-cha-cha gouailleur avant d’embrayer sur une rumba de fin du monde avec un naturel confondant. Au-delà de cette parfaite maîtrise de styles divers et variés, le groupe se distingue par l’audace et le soin apportés à ses arrangements.
Ainsi, l’introduction de Fiebre de mambo, échafaudée autour d’un Tres franchement dissonant ne manquera pas de surprendre, tout comme le traitement réservé à ce clin d’œil appuyé au 007 theme de John Barry sur Mi conga es de Akokán… Identifiable en quelques nanosecondes, ce riff quasi pavlovien ne tarde pas à exploser en une myriade de fractales qui n’ont d’autres objectifs que de vous faire remuer les pieds tout en stimulant intensément les centre du plaisir de votre cerveau. Du grand art.
Enregistré aux fameux studios Egrem à La Havane, ce second album d’Orquesta Akokán est une franche réussite qui confirme tout le talent d’une formation bien décidée à marquer de sa propre griffe un héritage musical qu’elle traite pourtant avec le plus infini des respects.
FICHE ALBUM
- Titre : 16 Rayos
- Artiste : Orquesta Akokán
- Date de sortie : 22 octobre 2021
- Label : Daptone Records
- Distribution : Modulor
