Après Une vie secrète, film qui mettait en scène un républicain espagnol contraint de vivre dans la clandestinité pendant près de 33 ans, le duo de réalisateurs Aitor Arregi et Jon Garaño continue d’explorer l’Histoire espagnole contemporaine avec Marco, l’énigme d’une vie. Ici, il est question d’un mensonge, de la falsification de la mémoire par un homme qui, des années durant, a prétendu avoir été déporté au camp de concentration de Flossenbürg en Bavière et qui est devenu le président de l’association des victimes espagnoles de l’Holocauste.
Le sort des victimes espagnoles de l’Holocauste
Selon des études récentes, plus de 9 000 déportés espagnols sont passés par les camps de concentration nazis et environ de deux tiers d’entre eux n’ont pas survécu. La plupart étaient des républicains qui se sont réfugiés en France après avoir perdu la guerre. Comme l’expliquent Aitor Arregi et Jon Garaño, les Espagnols ont souffert d’une double peine : « Le plus dur dans leur histoire est que même après leur libération des camps de concentration en 1945, leurs souffrances n’ont pas pris fin. Alors que les déportés d’autres pays pouvaient rentrer chez eux, les Espagnols n’avaient nulle part où aller. Franco leur a fermé les portes : le régime franquiste les considérait comme des ennemis et ne leur permettait pas de revenir. Ils ont été laissés dans le vide, sans patrie, sans droits et complètement abandonnés. »
Pendant des décennies, l’État espagnol a ignoré leurs souffrances et passé sous silence leurs vies. Beaucoup d’entre eux sont resté en France ainsi que dans d’autres pays européens. Avec ce film, au-delà de l’histoire d’Enric Marco, les réalisateurs ont voulu rendre justice à ces déportés qui sont resté dans l’oubli. Ils interpellent ainsi le spectateur sur la place que les déportés espagnols occupent dans la mémoire collective du pays.

La magistrale interprétation d’Eduard Fernández
Pour interpréter Enric Marco, ce mythomane qui, au lieu de faire profil bas une fois démasqué s’est présenté face à tous les médias pour justifier son « histoire » comme d’utilité publique pour les déportés, Aitor Arregi et Jon Garaño ont choisi le talentueux Eduard Fernández qui a remporté le Goya à la meilleure interprétation masculine pour ce rôle.

« La chose la plus difficile avec ce personnage a été de faire en sorte que le public se connecte à lui. Marco peut paraître antipathique, voire méchant, mais nous voulions que le public comprenne ses ambitions, ses peurs et ses aspirations. Eduard y est parvenu et il a également ajouté une dimension émotionnelle qui vous fait suivre l’histoire avec Marco, même dans ses pires moments », expliquent les réalisateurs.
Crédits photos : Epicentre Films (Photo de couverture)
FICHE DU FILM

- Titre original : Marco
- De : Aitor Arregi et Jon Garaño
- Avec : Eduard Fernández, Nathalie Poza, Chani Martin
- Date de sortie : 14 mai 2025
- Durée : 1h45 min
- Distributeur : Epicentre Films