Après Zyriab 6.7 un magnifique album qui retraçait le parcours de Bagdad à Cordoue du musicien poète et inventeur Zyriab, le guitariste flamenco Juan Carmona évoque aujourd’hui la genèse de son 13ème album, Laberinto de Luz, à paraître le 4 avril prochain. Un album aux résonances latin jazz qui marque les 40 années d’une carrière très accomplie…


Votre nouvel album, Laberinto de Luz, sortira le 4 avril prochain. C’est un projet très différent de votre précédent opus, Zyriab 6.7

Laberinto de Luz est un projet avec des influences jazz latino. Des musiciens cubains sont venus s’installer à Madrid et la rencontre entre le Flamenco et la musique cubaine s’est faite automatiquement. Après plusieurs voyages à Madrid, j’ai eu l’idée de monter un projet qui réunirait pas mal de musiciens cubains et bien sûr des musiciens flamenco. 

Sur ce nouvel album – comme souvent sur vos productions – une foule d’invités, mais ce qui marque les esprits, ce sont les voix féminines. En tout, pas moins de treize chanteuses ou choristes ont participé à l’album. Vous souhaitiez mettre à l’honneur ces voix féminines ?

Au départ, je voulais faire un hommage aux voix féminines, mais pas que flamencas, justement. Donc j’ai fait appel à des gens comme Montse Cortes et María Peláe, des personnes qui connaissent parfaitement la tradition. Mais j’ai aussi fait appel à cette nouvelle génération d’artistes qui, tout en ayant un profond respect pour la tradition flamenca, apporte aussi une ouverture musicale vers le jazz, vers les musiques actuelles. Et là, c’est Elena Salguero ou Alba Moreno qui ont apporté cette touche moderne. 

« J’ai eu la chance de tourner avec Larry Coryell, ensuite, avec Al Di Meola, je suis très fier d’avoir fait ces rencontres… »

Sur l’album, un autre invité – et non des moindres – le légendaire guitariste Al Di Meola. Comment vous-êtes vous rencontrés et comment est née cette collaboration ?

J’étais en tournée aux États-Unis, on a joué à New York et Al Di Meola est venu me voir. À la fin du concert, il m’a dit, voilà, le mois prochain, je joue en France et j’aimerais beaucoup t’inviter. Un mois après, on s’est vus à Aix en Provence et on a joué ensemble. Al Di Meola est un guitariste qui est très attiré par le flamenco. On a tous connu ce projet qui rassemblait Paco de Lucía, Al Di Meola et John McLaughlin et qui a marqué tous les guitaristes… Je pense que c’est une période qu’il a beaucoup aimé aussi. Ensuite, on est partis en tournée….

C’est quelque chose qui restera gravé dans ma mémoire, c’est évident. J’ai eu la chance de tourner avec Larry Coryell, ensuite, avec Al Di Meola, je suis très fier d’avoir fait ces rencontres… 

Avec quels autres artistes – guitariste ou non –  souhaiteriez-vous un jour collaborer ?

Aujourd’hui, c’est vrai que j’aimerais beaucoup rencontrer Pat Metheny. C’est un guitariste que j’admire aussi énormément. C’est quelqu’un que je n’ai jamais eu l’occasion de croiser, mais je sais que c’est un aficionado du flamenco, alors voilà, pourquoi pas un jour… 

Vous allez partir sur les routes pour défendre ce nouvel album, avec notamment des dates en région parisienne, à Stains, Fontenay-Sous-Bois et Tremblay-En-France. Avec quelle formation allez-vous vous présenter sur scène ? 

La formation pour Laberinto de Luz, en live, ce sera piano, contrebasse, percussions et guitare flamenco. Avec bien sûr les voix…

Vous êtes aussi depuis de nombreuses années le directeur artistique des Nuits Flamencas d’Aubagne. Pouvez-vous nous parler de ce festival et de ce que l’on pourra y voir et y entendre cette année ? 

Effectivement, je suis directeur artistique des Nuits Flamenca d’Aubagne qui fait aujourd’hui partie des plus grands festivals flamenco. En plus, là où je suis extrêmement fier, c’est que le festival est gratuit. Ce qu’il faut savoir, c’est que tous les artistes qui viennent au festival, ce sont des artistes que l’on peut voir au Théâtre de la Ville à Paris ou au Carnegie Hall à New York. On connait tous le prix des places, mais là, c’est gratuit. Je voudrais remercier ici la ville d’Aubagne avec laquelle on a monté ensemble ce projet.

Pour cette année, je ne peux pas encore dévoiler la programmation, même si elle est quasiment faite, mais le maître-mot, c’est la qualité et l’ouverture musicale. Les Nuits Flamenca, c’est aussi des masterclasses, des luthiers qui viennent exposer, ça peut aussi être des films autour du flamenco, des démonstrations de sevillanas… C’est l’art andalou dans toute sa globalité qui vient ici, à Aubagne.

Crédits photos : Juan Carmona © Franck Loriou