Le festival Regards Satellites est de retour ! Pour cette troisième édition, ce rendez-vous cinéphile devenu incontournable affiche une fois de plus sa volonté de révéler d’autres manières de faire et de comprendre le cinéma, rarement mises sur le devant de la scène. Dans cette perspective, le festival lance ainsi pour la première fois cette année une compétition de premiers ou de seconds films indépendants internationaux inédits ou présentés en avant-première. Venez découvrir un cinéma d’ici et d’ailleurs, pluriel et multiculturel, un cinéma qui va à la rencontre de l’autre et qui, tel un satellite, brille par son audace et sa qualité.


Le Brésil à l’honneur

Dans le cadre de la Saison France-Brésil 2025, Regards Satellites se met aux couleurs du pays auriverde en mettant son cinéma à l’honneur. Les réalisateurs Adirley Queirós, Joana Pimenta et Lincoln Péricles seront ainsi présents sur le festival. Tous trois ont en commun un cinéma qui pose son regard sur les « périphéries » du Brésil.

Pour Claire Allouche, chercheuse en études cinématographiques, critique de cinéma, et qui est à l’initiative du riche programme autour de l’invité d’honneur, ce choix était une évidence : « Depuis le début des années 2000, le cinéma brésilien réalisé dans les périphéries connaît une production sans précédent, notamment grâce à la démocratisation des outils numériques. Si Adirley Queirós, Joana Pimenta et Lincoln Péricles se défendent (à raison) d’en être les ambassadeurs, leurs films participent en première ligne à la reformulation des enjeux politiques et esthétiques dans la création contemporaine au Brésil. »

Image du film Mato Seco Em Chamas
Image du film Mato Seco Em Chamas © Adirley Queirós et Joana Pimenta

Ainsi, du 29 janvier au 9 février dans Matière et mémoires des périphéries brésiliennes, Regards Satellites reprend le cycle Adirley Queirós et Joana Pimenta : chants et flammes du FIDMarseille (2004). Considéré comme l’un des réalisateurs brésiliens les plus importants de sa génération, Adirley Queirós (1970) développe une esthétique de l’auto-construction depuis Ceilândia, ville-satellite de Brasilia. Chaque film se conçoit comme un prototype, agençant matières documentaires et énergies fictionnelles pour inverser les rapports du centre et de la périphérie. Quant à Joana Pimenta (1986), cinéaste portugaise vivant et travaillant entre le Brésil et les États-Unis, elle a réalisé deux courts métrages très remarqués qui, sous la forme d’essais expérimentaux, s’aventurent dans les territoires de la contre-histoire coloniale et de la mémoire fictionnée, As figuras gravadas na faca com a seiva das bananeiras et Um campo de aviação.

Toujours dans le cadre de Matière et mémoires des périphéries brésiliennes, le festival associe au cycle d’Adirley Queirós et Joana Pimenta, la rétrospective consacrée à Lincoln Péricles (1989) qui présente pour la première fois son œuvre cinématographique en France. Le cinéaste réalise et monte depuis plus de 15 ans des films indépendants produits dans son « quebrada » (quartier populaire) de sa ville natale, São Paulo comme les courts-métrages Jairboris, Rent: the movie, Sunday Movie, et un long métrage, Filme de Aborto. Connu au Brésil pour avoir intégré dans son approche artistique des éléments de la culture rap, il fait du ciné-sample, un concept qui utilise des documents d’archives pour construire des récits innovants et uniques.

À noter que début février, plusieurs rencontres sont prévues : le 3 février, une Masterclasse, Polyphonies filmiques avec les cineastes Adirley Queiros, Joana Pimenta et Lincoln Péricles et animé par Claire Allouche puis, le 6 février, une table ronde intitulée Qui aime garde : prendre soin de la mémoire audiovisuelle des périphéries sur la question de la préservation et de la diffusion de ce cinéma sortant des sentiers battus.

Enfin, pour clôturer en beauté cette belle fête consacrée au cinéma brésilien, du 3 au 6 avril au cinéma L’Écran puis le 7 avril à la Cinémathèque française, le festival dévoilera une dizaine des titres, majoritairement des longs-métrages inédits en France présentés à la Mostra de Cinema de Tiradentes, l’observatoire privilégié de la nouvelle génération du cinéma brésilien indépendant.

Les autres temps forts du festival

Au-delà du Brésil, le festival vous a concocté une programmation qui s’intéresse au cinéma des quatre coins du monde. Ainsi, Rebecca Fons, la directrice de la programmation du Gene Siskel Film Center de Chicago, vous emmènera aux États-Unis avec Au cœur des États-Unis : un autre cinéma indépendant (chapitre 2), rassemblant en présence des cinéastes deux films indépendants singuliers, Family Portrait de Lucy Kerr (sélectionné en compétition) et The Black Sea de Crystal Moselle et Derrick B. Harden.

Cap ensuite vers La Corée du Sud avec la section Cinéma Social Coréen (Chapitre 1). Regards Satellites vous propose d’explorer ce genre aussi passionnant que peu diffusé en France à travers deux documentaires rares de la réalisatrice Mi-re Kim : Weabak, Stayed Out Overnight (2009) et Le Front armé anti-japonais de l’Asie de l’Est (2019).

Autre temps fort du festival à ne pas manquer, l’hommage à la cinéaste révolutionnaire et décoloniale Sarah Maldoror, mondialement connue pour son travail fondateur dans la promotion des artistes afro-descendants, à travers une rétrospective de ses influences et collaborations. Un hommage en préambule à l’exposition et à la rétrospective intégrale de son œuvre qui aura lieu au Centre Pompidou en avril.

Image du film Mutirão: o Filme
Image du film Mutirão: o Filme © Lincoln Péricles

Avec près d’une centaine de projections, avant-premières inédites, master classes, cartes blanches à des réalisateurs, à des festivals et une cinquantaine d’artistes et cinéastes invité.e.s, Regards Satellites aborde de façon collégiale, aux côtés des artistes, d’intellectuels et du public, les enjeux contemporains du cinéma et de la société. Une occasion en or de découvrir de nouvelles voix et des récits inattendus.

Immanquable !


INFORMATIONS PRATIQUES


Affiche festival Regards Satellites (2025)
  • TITRE : Regards Satellites
  • LIEUX : Cinéma l’Écran de Saint-Denis, Reflet Médecis, Espace 1789 à Saint-Ouen-sur-Seine, Cinémathèque française, Le Méliès (Montreuil), Ciné 104 (Pantin), Le Luxy (Ivry-Sur-Seine), Médiathèques de la Plaine Commune, L’Écran Nomade (Bobigny)
  • AVEC : Adirley Queirós, Joana Pimenta, Lincoln Péricles, Lucy Kerr, Crystal Moselle et Derrick B. Harden, Mi-re Kim, Sarah Maldoror…
  • DATES : Du 29 janvier au 9 février et du 3 au 6 avril 2025
  • RENSEIGNEMENTS : Festival Regards Satellites