Ribera, le plus italien des peintres espagnols est à l’honneur au Petit Palais dans ce qui est la toute première rétrospective de son œuvre en France. Une occasion en or de découvrir ce peintre célèbre pour son ténébrisme et ses représentations de martyrs dont la souffrance s’avère quasiment insoutenable. Artiste complet et versatile, ses tableaux sont des chefs-d’œuvre de finesse et de beauté de l’âge baroque.


Le ténébrisme de Ribera

Considérée par ses contemporains comme « plus sombre et plus féroce » que celle de Caravage dont il était l’héritier, la peinture de Ribera se caractérise par son réalisme cru, ses traits dramatiques, son contraste saisissant entre ombres et lumière et l’utilisation de couleurs riches et intenses.  

L’œuvre de Ribera a exercé une influence considérable sur d’autres peintres Espagnols tels que Velázquez ou Murillo, mais aussi sur des artistes plus contemporains tels que Matisse. Au XIXe siècle, son ténébrisme lui a valu une immense notoriété, notamment chez Baudelaire et Monet. À son sujet, Lord Byron disait que « Ribera a trempé son pinceau dans le sang des saints… »

En effet, dans ses toiles, Ribera représente de manière brutale la réalité et accentue avec son pinceau des détails anatomiques et psychiques de ses personnages, ce qui a longtemps été l’un des principaux signes distinctifs de son œuvre. Le martyre de saint Barthelemy (1644) révélant un corps souffrant, disloqué et meurtri en est un très bel exemple.

Jusepe de Ribera, Martyre de saint Barthélémy, 1644
Jusepe de Ribera, Martyre de saint Barthélémy, 1644 © Nacional d’Art de Catalunya, Barcelona

De Rome à Naples

Né à Játiva dans la région de Valence en Espagne, Ribera a peint la quasi-totalité de son œuvre en Italie, même si toute sa vie, il revendiquera ses origines espagnoles. Sa carrière se déroule en deux temps et dans deux villes distinctes. À quinze ans, il quitte son pays natal pour Rome, puis s’installe à Naples qui était à l’époque une possession espagnole. Il y fait carrière de façon fulgurante.

L’exposition retrace ainsi le parcours de ce peintre que l’on surnomme en Italie « Lo Spagnolettto », le petit espagnol, et dévoile pour la première fois l’intégralité de son œuvre en mettant bout à bout les deux grandes périodes de sa vie artistique. Ribera. Ténèbres et lumière aborde non seulement la célèbre époque napolitaine, mais aussi sa première période romaine qui est une redécouverte très récente (2002) ayant permis d’augmenter le corpus de ses jeunes années d’une soixantaine d’œuvres dont on ignorait l’auteur et qui étaient attribuées par défaut au « Maître du Jugement de Salomon ». Pour Annick Lemoine, l’une des commissaires de l’exposition, « Ribera est un immense artiste, l’un des plus grands de l’âge baroque, un peintre d’une grande modernité, radical, presque extrême. »

Jusepe de Ribera, Saint André en prière, vers 1615-1618
Jusepe de Ribera, Saint André en prière, vers 1615-1618 Quadreria dei Girolamini, Naples © Photo Scala, Florence

Avec une centaine de peintures, dessins et gravures empruntés à de prestigieux musées internationaux comme le Prado (Madrid), Metropolitan Museum of Art (New York), le British Museum (Londres), la Galerie Borghèse (Rome), le Palazzo Pitti (Florence), le Museo di Capodimonte (Naples), mais aussi français tels que le Louvre ou le musée des Beaux-arts de Rennes, cette rétrospective embrasse toute l’étendue du génie d’un artiste qui a marqué à jamais l’histoire de la peinture.

Crédits photo principale : Jusepe de Ribera, Le Jugement de Salomon, vers 1609-1610 – Huile sur toile, 153 x 201 cm. © Galleria Borghese, Rome


INFORMATIONS PRATIQUES


Le quatre cavaliers de l’Apocalypse 2001-2018 / Courtoisie de l’artiste et Perrotin © Paul Pfeiffer, Bilbao, 2024- Courtoisie de l’ artiste; Paula Cooper Gallery, Nueva York; carlier | gebauer, Berlin/Madrid; Perrotin; et Thomas Dane Gallery, Londres
  • TITRE : Ribera. Ténèbres et lumière
  • LIEU : Petit Palais. Musée des Beaux-Arts de la Ville de Paris
  • ADRESSE :  Avenue Winston-Churchill,75008 Paris
  • HORAIRES : Du mardi au dimanche de 10h à 18h. Nocturnes les vendredis et samedis jusqu’à 20h
  • DATES : jusqu’au 23 février 2025
  • ENTRÉE : 13€ – 15€
  • RENSEIGNEMENTS : Petit Palais