On se souvient encore très bien de Central do Brasil, ce touchant voyage initiatique qui a remporté l’ours d’or à Berlin en 1998. Avec son dernier long métrage, Walter Salles nous plonge dans les années sombres de la dictature brésilienne. Je suis toujours là, suit ainsi l’histoire d’une famille marquée par la détention et la disparition du père à Rio de Janeiro et le combat acharné de son épouse, Eunice, qui fera tout de son possible pour le retrouver.


La disparition de Rubens Paiva

Moins documentée que les autres dictatures d’Amérique du Sud comme celles d’Argentine ou du Chili – peut-être en raison d’une répression moins brutale en termes strictement comptables – le Brésil a vécu sous un régime militaire pendant une vingtaine d’année. En effet, de 1964, date à laquelle le maréchal Castelo Branco a mené un coup d’État et mis fin à la présidence du leader du parti travailliste João Goulart à 1985, le pays a été mené d’une main de fer par l’armée.

C’est dans ce contexte, plus précisément en 1971, que débute l’action du film de Walter Salles. Tout commence par une belle après-midi où des enfants de différents âges jouent avec insouciance à la plage. Rien ne laisse alors présager que leur père, Rubens Paiva (Selton Mello), un ingénieur civil et ancien parlementaire, ne rentrera pas à la maison ce soir. Il a été forcé de quitter son lieu de travail pour répondre aux questions des enquêteurs de la police militaire.

Les choses empirent un peu plus lorsque la mère, Eunice (Fernanda Torres), se voit à son tour arrêtée avec sa fille Eliana. Si l’adolescente est renvoyée chez elle dès le lendemain, Eunice sera interrogée et torturée durant plusieurs jours avant d’être relâchée sans qu’elle ne sache ce qu’il est advenu de son mari.

Image du film Je suis toujours là
Image du film Je suis toujours là © Alile Dara Onawale

Eunice Paiva, une femme d’exception

Le film suit alors la destinée d’Eunice Paiva, une femme qui va se battre sans relâche pour faire éclater la vérité sur la disparition de son mari tout en s’occupant de subvenir aux besoins de sa famille. C’est avec cet objectif fermement ancré en tête qu’elle décide à contre-cœur de déménager à São Paulo pour entamer des études de droit et ainsi devenir avocate. Notez que le film s’inspire directement de la biographie éponyme qu’a écrit sur sa mère Marcelo Paiva.

Image du film No nos moverán © Bobine Films

Pour incarner cette mère courage, le réalisateur a choisi l’actrice Fernanda Torres qui, sur une période de vingt-cinq ans, parvient avec justesse et talent à se fondre dans le personnage d’Eunice. « Fernanda est une des grandes actrices de sa génération et une complice depuis Terre Lointaine, que Daniela Thomas et moi avons écrit et réalisé en 1995. J’aime l’intelligence de son jeu, qui vient de la compréhension profonde que Fernanda a de ses personnages. Elle est également écrivaine et une voix importante des débats politiques et culturels au Brésil. » explique ainsi Walter Salles.

Avec deux nominations aux Golden Globes et un succès public sans précédent au box-office brésilien, Je suis toujours là est un film bouleversant sur l’histoire récente et trop peu connue du Brésil qui brosse le portrait d’une femme d’exception et d’une famille qui reste unie face à la barbarie.

Je suis toujours là – Bande-annonce VOSTF – Walter Salles (2025)


Crédits photos : Alile Dara Onawale (photo de couverture)


FICHE DU FILM


Affiche du film Je suis toujours là
Affiche du film Je suis toujours là
  • Titre original : Ainda Estou Aqui
  • De : Walter Salles
  • Avec : Fernanda Torres, Selton Mello, Fernando Montenegro
  • Date de sortie : 15 janvier 2024
  • Durée : 2h15 min
  • Distributeur : Studiocanal