Venu de l’irréductible Palenque San Basilio, un village colombien de 4500 âmes fondé il y a plus de quatre siècles par des esclaves fugitifs, Estrellas del Caribe distille l’une des musiques les plus africanisée du continent sud-américain, la Champeta criola. À l’occasion de leur passage au festival Banlieues Bleues, le groupe a eu la gentillesse de répondre à quelques-unes de nos questions.
Vous serez sur la scène de Banlieues Bleues le 3 avril aux côtés de Fantazio et le 5 avril avec Angel Bat Dawid pour la clôture du festival. Quel programme ! J’imagine que vous êtes très impatients de jouer votre musique devant le public français ?
Oui, nous sommes très heureux et très enthousiastes à l’idée de participer à ce grand festival et de partager l’affiche avec des artistes aussi exceptionnels. C’est la première fois que nous jouerons en France, c’est donc très important pour notre trajectoire artistique et notre propre expérience. Nous espérons avant tout apporter beaucoup d’émotions et de joie au public parisien.
Estrellas Del Caribe, avec Son Palenque et Abelardo Carbono, est l’un des plus célèbres ambassadeurs de la Champeta. A quoi peut-on s’attendre sur scène ?
Notre spectacle est un témoignage vivant sur les origines de la Champeta en Colombie. Notre façon de jouer des tambours et de chanter dans notre langue, le palenquera, révèle bien sur scène les racines africaines de la musique qui existe aujourd’hui dans l’ensemble des Caraïbes colombiennes. Notre spectacle est plein d’énergie et nous espérons sincèrement que le public français dansera.
Estrellas Del Caribe a été fondé en 1975 à San Basilio de Palenque en Colombie. Le groupe a-t-il déjà eu l’occasion de se produire en France ou en Europe ?
Ce sera seulement notre second voyage en Europe depuis la création du groupe. L’année dernière, en 2023, nous avons été invités à Berlin en Allemagne pour jouer dans un lieu très emblématique, la Haus der Kulturen der Welt (HKW) au Sonic Pluriverse Festival.
« La musique de Palenque, qui est aujourd’hui connue dans le monde entier, s’inscrit dans le contexte culturel de la résistance, de l’héritage africain et du syncrétisme culturel »
San Basilio de Palenque est bien connu pour son ancrage culturel unique. Le village a été fondé il y a plus de quatre siècles par des esclaves fugitifs, c’est donc le premier « palenque » de l’histoire et le seul qui subsiste encore aujourd’hui. La musique a-t-elle joué un rôle important dans la transmission de la culture africaine à travers les générations ?
Dans notre communauté, la musique a toujours été un pilier fondamental de notre développement et de notre processus historique. Le tambour, en particulier, est depuis des siècles un instrument de communication et se retrouve au cœur des rituels religieux et des célébrations. Les rythmes nés à Palenque, tels que le Bullerengue et le Mapalé, sont joués sur des tambours issus des cultures africaines, de même que de notre langue, le palenquera. La musique de Palenque, qui est aujourd’hui connue dans le monde entier, s’inscrit dans le contexte culturel de la résistance, de l’héritage africain et du syncrétisme culturel.
A notre connaissance, le groupe n’a pas beaucoup enregistré au cours de sa longue histoire. La reconnaissance de la culture de San Basilio par l’UNESCO en 2005 a permis de lever des fonds pour construire le premier studio d’enregistrement du village. Cela a-t-il aidé Estrellas del Caribe, ainsi que d’autres groupes locaux, à enregistrer et à diffuser leur musique à un plus large public ?
Oui, le studio a bien servi d’espace de production pour les groupes musicaux de Palenque. Notre musique figure dans des compilations réalisées dans les années 90 par des labels tels que Felito Records à Barranquilla et Palenque Records, mais ce n’est qu’en 2015 que nous avons pu produire notre premier album, Champeta Criolla de San Basilio de Palenque. Cette année, en 2024, nous allons entrer en studio pour produire notre second album.
Nous avons appris que Leonel, le leader d’Estrellas del Caribe et le musicien français Fantazio s’étaient déjà rencontrés. Pouvez-vous nous en dire plus sur cette rencontre ? Ce sera exaltant de partager la scène avec lui le 3 avril prochain ?
Oui, avec Leonel, ils se sont rencontrés à Bogota et cette rencontre pleine d’anecdotes et d’histoires a débouché sur deux concerts où l’improvisation et les points de convergence entre nos musiques ont été les protagonistes principaux. En à peine quelques heures, nous avons pu travailler ensemble sur plusieurs chansons directement issues de ces conversations.
Après vos concerts à Banlieues Bleues, allez-vous jouer dans d’autres villes en Europe ?
Après Paris, nous allons donner un concert à Lisbonne, au Portugal, puis un autre à Madrid, en Espagne. Nous rentrons en Colombie le 9 avril, mais nous espérons pouvoir revenir très vite en Europe.
Retrouvez ici notre chronique de l’édition 2024 de Banlieues Bleues.
Crédits photos : Estrellas Del Caribe © Alejandra Moreno
INFORMATIONS PRATIQUES
- ARTISTE : Estrellas del Caribe
- DATES & HORAIRES : Le 3 avril à 20h30 à la salle Jacques Brel de Pantin et le 5 avril à 20h30 à l’Embarcadère d’Aubervilliers
- PRIX : 12-18 €
- RENSEIGNEMENTS : www.banlieuesbleues.org
- TÉLÉPHONE : 01 49 22 10 10