Le 13.12. Légua de João Miller Guerra et Filipa Reis

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Présenté cette année à la Quinzaine des réalisateurs à Cannes, Légua est l’un de ces films qui pourrait prendre place à une époque lointaine, au sein d’une maison bourgeoise de l’Angleterre victorienne bâtie y a deux siècles. Mais l’histoire du film que nous propose le duo de réalisateurs portugais João Miller Guerra et Filipa Reis se déroule bien aujourd’hui, dans le Portugal du XXIème siècle au cœur d’un manoir où deux femmes s’affairent aux tâches domestiques afin que tout soit parfait pour l’éventuelle venue des propriétaires.

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Un choix difficile

Une grande maison entourée d’un immense terrain et dotée de nombreuses pièces, de vaisselle fine, de meubles d’époque et habillée de nombreux portraits des membres d’une famille aisée. Au gré des saisons, deux femmes font les lits, nettoient la vaisselle, s’occupent des animaux et repassent même les nappes dans l’attente éventuelle des propriétaires lisboètes qui ne se rendent guère plus sur place.

Ana, incarnée par Carla Maciel, a la cinquantaine et est la plus jeune de deux femmes. Avec son mari (​​Paulo Calatré), ils songent à quitter le Portugal pour s’installer en France en espérant une vie meilleure. Lorsque sa collègue Emília (Fátima Soares) tombe gravement malade, elle décide de rester avec elle dans cette grande demeure, laissant derrière elle ses plans d’avenir. Un choix difficile, qui n’est compris ni de son mari, qui part seul en France, ni de sa fille, âgée de vingt ans et qui fait ses études d’ingénieur à Porto.

Deux actrices en état de grâce

L’actrice Fatima Soares se met littéralement dans la peau d’Emília, cette vieille dame forte et au caractère bien trempé qui, au fur et à mesure que la maladie avance, devient une femme souffrante et vulnérable. Quant à Carla Maciel, elle incarne de façon saisissante cette femme travailleuse et déterminée qui, dans un acte d’amour rare, décide d’hypothéquer ses rêves d’avenir pour rester aux côtés de sa vieille amie.

Dans ce film magnifique, un autre personnage se doit aussi d’être mentionné, la maison. Cette dernière participe en effet à révéler le statut des propriétaires et à pointer du doigt la différence de classe entre leur monde et celui de leurs domestiques. Elle prend aussi les atours d’une sorte de prison dans laquelle ces deux femmes évoluent, même si elles la considèrent un peu comme chez elles.

« J’étais intéressée par l’idée de l’absence des patrons dans la maison et de la vie qui continue de s’y dérouler. Le fait que les propriétaires n’apparaissent jamais dans la maison était très important – ils ne sont plus la raison pour laquelle Emilia continue malgré tout de vivre et prendre soin de cet espace. Le prêtre, qui représente les propriétaires, lorsqu’il visite la maison, à beau dire à Emilia « Nous sommes votre famille… », plus personne n’est présent dans la vie de cette maison et d’Emilia », souligne ainsi Filipa.

Crédits photos : Norte Distribution (photo de couverture)

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FICHE DU FILM

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