Avant de nous conquérir par son talent d’actrice et de scénariste aux côtés de Jonás Trueba dans Eva en août, Itsaso Arana avait déjà derrière elle une longue carrière théâtrale avec sa compagnie La Tristura. C’était une simple question de temps que cette passionnée de Rohmer se lance elle-même dans la réalisation. Avec son premier film, Les filles vont bien, elle explore avec délicatesse et fraîcheur l’univers d’un groupe d’actrices liées par l’amitié et l’interprétation.
Cinq actrices et une maison
L’histoire prend place au milieu de l’été au sein d’une grande maison de campagne située non loin d’un petit village. C’est là que se retrouve un groupe de jeunes femmes pour commencer les répétitions d’une nouvelle pièce de théâtre, mais aussi se mettre au vert et fuir la chaleur écrasante qui accable les villes. Dans ce lieu calme et champêtre, la pétillante troupe donne alors libre court à son imagination et met à jour ses désirs les plus enfouis.
Dans une ambiance de camaraderie, entre rires et confessions intimes, Itsaso Arana invite ses personnages féminins à parler de sujets impérissables comme l’amour, l’interprétation, le processus créatif, la mort, la maternité… Des moments uniques que la caméra de la réalisatrice a su capturer avec grâce et spontanéité.
« Je suis née dans une famille de femmes et ai toujours été attirée par les histoires dans lesquelles un groupe de femmes vivent ensemble, s’envient et s’admirent mutuellement, prennent soin les unes des autres. De Héroïdes à La Maison de Bernarda Alba, des « Belles au bois dormant » aux histoires victoriennes, les femmes désirent, rêvent et imaginent, s’impatientent, écrivent ou s’affrontent dans une sorte de sororité à la fois solidaire et forcée », confie la cinéaste.
Théâtre et cinéma
Les filles vont bien est, d’une certaine façon, un hommage cinématographique au théâtre, une manière de revendiquer à travers le film le parcours artistique singulier de sa réalisatrice, qui commence sa carrière au théâtre et la poursuit au cinéma. « Les filles vont bien est également le résultat des deux passions qui ont façonné ma vie, le théâtre et le cinéma, avec l’envie de convoquer la capacité du cinéma à capturer la vie, avec la ritualité et la puissance évocatrice du théâtre », ajoute-elle.
Entre documentaire et fiction, chacun des protagonistes incarnés par Irene Escolar, Bárbara Lennie, Itziar Manero, Helena Ezquerro endosse le rôle d’une actrice qui porte son nom, partageant alors des récits qui coïncident avec leurs propres expériences de vie. Quant à Itsaso, elle interprète bien entendu la metteuse en scène de la pièce de théâtre qui se prépare dans le film.
Dans ce jeu de miroirs, la jeune réalisatrice recourt à des costumes d’époque, ce qui apporte au film une dimension à la fois intemporelle et romantique. Dans un même esprit, Itsaso fait aussi référence à plusieurs reprises à des contes pour enfants. Ainsi, Dans les filles vont bien, ne soyez pas étonnés de croiser un crapaud, un prince charmant ainsi que de retrouver une relecture moderne et inspirée de La princesse au petit pois de Graham Grimm.
Retrouvez ici l’interview d’ Itsaso Arana.
Crédits photos : Arizona Films (photo de couverture)
FICHE DU FILM
- Titre original : Las chicas están bien
- De : Itsaso Arana
- Avec : Irene Escolar, Bárbara Lennie, Itziar Manero, Helena Ezquerro
- Date de sortie : 29 novembre 2023
- Durée : 1h26
- Distributeur : Arizona Films