Du 13 au 28.04. Le 11 septembre de Salvador Allende au Théâtre Aleph

---

À l’occasion du cinquantième anniversaire de la disparition de Salvador Allende, la troupe du théâtre Aleph nous propose de (re)découvrir Le 11 septembre de Salvador Allende, une pièce écrite en 2003 par le dramaturge, comédien, metteur en scène et fondateur du Théâtre Aleph, Oscar Castro, emporté par la Covid-19 en avril 2021.

---

L’autre 11 septembre…

Il y a tout juste 50 ans, le 11 septembre 1973, le gouvernement de Salvador Allende était renversé par le coup d’État du Général Augusto Pinochet sous l’œil bienveillant de Richard Nixon et de la CIA. En ce même jour funeste, le président se donne la mort – ou est sommairement exécuté comme le soutiennent ses partisans – dans le palais présidentiel avec le AK-47 que lui avait offert Fidel Castro quelques années plus tôt.

S’ouvre alors pour le Chili la période la plus sombre de son Histoire, celle d’une dictature militaire qui dirigera le pays d’une main de fer pendant près de 25 ans. Un 11 septembre mortifère qui, in fine, engendrera plus de 3 200 victimes, mortes ou disparues, 38 000 torturés et des dizaines de milliers d’arrestations de dissidents.

Oscar Castro ou le théâtre de la résilience

Comme bon nombre de ses concitoyens, Oscar Castro a très vite eu maille à partir avec le nouveau pouvoir en place et le Théâtre d’Aleph, qu’il a fondé en 1968 à Santiago, se retrouve dans le viseur des autorités.

Après avoir essuyé plusieurs censures, Oscar Castro et plusieurs membres de sa troupe se voient tout bonnement arrêtés puis emprisonnés dans un camp dans lequel ils resteront deux longues années avant d’être exilés. Durant sa captivité, il sera à la tête d’une rébellion passive des prisonniers, s’autoproclamant « maire de l’État le plus libre du Chili », un État dans l’État qui accueille alors en son sein tous ceux qui, comme lui, rejettent les valeurs conservatrices que les autorités veulent leur inculquer.

Se promenant coiffé d’un haut de forme, flanqué de gardes du corps et accueillant avec bonhomie les nouveaux venus, Oscar Castro multiplie les frasques et érige l’humour et la joie de vivre en armes de résilience : « S’ils nous voient tristes, ils nous aurons enfermés une deuxième fois » aimait-il répéter…

Arrivé en France en 1977, il est accueilli par Ariane Mnouchkine à La Cartoucherie puis relance progressivement le Théâtre Aleph qui posera définitivement ses valises en 1995 à Ivry-Sur-Seine.

Auteur d’une cinquantaine de pièces, c’est en 2003 qu’il signe Le 11 septembre de Salvador Allende, une œuvre à son image dans laquelle drame et fantaisie convolent à l’unisson.

Le 11 septembre de Salvador Allende

Tout commence avec un auteur qui se retrouve enfermé dans la cave de son théâtre au beau milieu des décors, des costumes et des textes qui a lui-même créés. Soudain, surgis de nulle part, des personnages s’animent et s’invitent à ses côtés…

Lui reviennent alors en mémoire ces lointains événements du 11 septembre 1973 et la silhouette du président Allende, un homme qui incarnait à l’époque tous les espoirs d’un peuple chilien épris de justice et de liberté…

Sur scène, Salvador Allende, mais aussi ses partisans et ses plus féroces opposants, restituent les événements et les sentiments qui ont traversé cet autre 11 septembre, cette date fatidique qui a vu basculer le destin de tout un pays.

« Je savais que tout cela ne pouvait pas durer très longtemps… L’année 1970, Kissinger avait dit à propos du Chili : Il faut à tout prix empêcher un pays de virer au communisme à cause de l’irresponsabilité de son propre peuple… » 

« Et je savais aussi que, dès 1964, la CIA avait financé le Parti Conservateur et la Démocratie Chrétienne… » : « L’extrême droite crache sur Allende. ITT, Pepsi Cola et la Chase Manhattan Bank crachent sur Allende. Les ligues contre l’avortement crachent sur Allende… » s’entend-il alors rétorquer par le chœur

Une pièce essentielle pour mieux comprendre ces fantômes qui continuent encore de nos jours à hanter la société chilienne. Notez également que chaque représentation de la pièce sera suivie d’un after avec un artiste ou un groupe musical chilien.

Crédits photos : Le 11 septembre de Salvador Allende © Théâtre Aleph

---

INFORMATIONS PRATIQUES

---