Rencontre avec Rafaela Carrasco

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En ouverture du festival Flamenco à La Villette, la danseuse et chorégraphe espagnole Rafaela Carrasco, ex-directrice artistique du Ballet flamenco d’Andalousie et à la tête de sa propre compagnie depuis 20 ans, nous propose Nocturna, une nouvelle création jouée pour la première fois en France. L’occasion rêvée de lui poser quelques questions sur ce nouveau spectacle et son processus de création…

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QTP ? – Vous serez sur la scène de la Grande Halle de La Villette les 21 et 22 juin prochain pour présenter au public parisien Nocturna, une création que jouerez pour la toute première fois en France. Pouvez-vous nous décrire le thème et l’atmosphère générale de ce spectacle ?

Nocturna. Arquitectura del Insomnio est un voyage onirique à travers la nuit d’un insomniaque. Cette création se structure de trois blocs dans lesquels se succèdent de petites pièces traitant de différents états émotionnels et d’humeurs dans lesquelles le spectateur peut voyager, à travers des images poétiques, dans une nuit pleine d’agitation.

Ce n’est pas la première fois que vous venez au festival Flamenco à La Villette. En 2021, vous aviez déjà présenté l’une de vos créations, El viaje, au public parisien. Quel souvenir gardez-vous de cette représentation ?

Notre précédente venue à La Villette avait été très enthousiasmante. Nous avions présenté une rencontre d’artistes où chacun avait sa manière particulière d’appréhender la danse flamenco. Cette année, je suis encore plus enthousiaste car avec Nocturna, je peux présenter un travail beaucoup plus personnel, dans lequel vous pourrez voir le concept créatif et chorégraphique que j’aime développer.

Sur scène, vous serez accompagnée de neuf danseuses et d’une chanteuse qui a le vent en poupe, Gema Caballero. Pourriez-vous nous parler de ces artistes qui seront à vos côtés ?

Le processus de création de Nocturna a été très enrichissant tant sur le plan artistique que personnel. Le fait de pouvoir compter sur ces femmes a augmenté le potentiel de la proposition. Ce sont des femmes d’âges et de profils artistiques très différents, qui s’équilibrent pour ajouter des identités. Un vrai cadeau.

La musique de Nocturna a été composée par Pablo Martín Jones et Pablo Suárez et se montre aventureuse en explorant des territoires baroques et néo-classiques. C’est un choix fort qui permet d’explorer plus profondément les thèmes du rêve, de la solitude, de l’insomnie ?

Petite précision, les compositeurs sont Marta Estal, Pablo Martín Jones, Pablo Suárez et Jesús Torres. Je préfère parler de bande sonore, car il s’agit de morceaux très divers qui offrent des atmosphères adaptées à chaque moment de la nuit. L’horloge est continuellement présente et vous rappelle que le temps passe inexorablement. Certaines Variations Goldberg de Bach sont aussi utilisées comme points de référence tout au long de l’œuvre. Mais le point essentiel, c’est que la musique crée les climax nécessaires pour nous mettre dans la peau de quelqu’un qui traverse seul la nuit.

Après Born a Shadow (2017) et Ariadna, hilo del mito (2020), Nocturna est votre troisième collaboration avec le poète et dramaturge Álvaro Tato. Pourriez-vous nous parler de cette relation artistique particulière ?

Oui, j’ai effectivement travaillé avec Álvaro Tato sur trois œuvres jusqu’à présent. Travailler avec lui est très agréable car il comprend ma façon de concevoir la création et l’utilisation de sa dramaturgie. Il s’adapte aux besoins de la chorégraphie et, en retour, la chorégraphie est aussi mise au service de l’histoire. Nous formons un tandem qui s’équilibre et apporte de la cohérence à la proposition finale.

Votre trajectoire artistique est marquée par le besoin de questionner votre art et de rechercher constamment de nouvelles formes d’expression chorégraphiques. Il y-a-t-il des territoires sur lesquels vous n’avez pas encore osée vous aventurer, mais que vous rêveriez d’explorer ?

Mon parcours créatif a évolué en fonction de mes besoins personnels et artistiques. Je me sens libre de choisir les propositions et de les mettre en scène. Aujourd’hui, je travaille sur un nouveau projet qui verra le jour en 2024. Je pense que tout est là pour être traité, ce qui m’intéresse toujours le plus, c’est d’imprimer ma propre vision à mes créations.

Votre compagnie a récemment soufflé ses vingt bougies ! En regardant le chemin accompli, de quoi êtes-vous la plus fière ?

Je pense que perdurer dans le temps, avec les difficultés que nous, créateurs, rencontrons au quotidien, est le plus grand défi.
Le respect de la profession et du public est la plus grande des récompenses. Également, avoir le sentiment que les gens sont dans l’attente de mes nouvelles propositions artistiques signifie que je suis toujours en éveil et que je ne me repose pas sur mes lauriers.

Crédits photos : Rafaela Carrasco © Lau Ortega

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