Nous connaissons tous André Breton, Salvador Dalí, Alberto Giacometti ou Giorgio De Chirico, mais qu’en est-il des femmes surréalistes ? En dépit des apparences, elles étaient nombreuses à s’inscrire dans cet important courant artistique du XXème siècle. Afin de remettre l’église au centre du village et palier à cet oubli, le musée de Montmartre nous propose une exposition passionnante mettant en lumière plus de 150 œuvres de 50 artistes féminines des années 30 à nos jours.
La véritable place des femmes au sein du surréalisme
Rien qu’à travers le titre, la question est posée sans ambages : pour Alix Agret et Dominique Païni, les commissaires de l’exposition, « Il s’agit de faire découvrir des femmes artistes et poètes mésestimées par les musées et le marché de l’art et pourtant actrices majeures du mouvement surréaliste. »
Sans doute attirées par la liberté et la créativité sans limites de ce mouvement d’avant-garde, les femmes ont rapidement rejoint le surréalisme dont le Premier Manifeste fut publié en 1924 par André Breton. À travers cette rétrospective, nous prenons conscience que, loin d’avoir joué un rôle mineur, les femmes se sont investies tout autant dans le mouvement que leurs homologues masculins. D’ailleurs, ce sont elles qui continueront à le faire exister bien au-delà de sa dissolution officielle en 1969.
L’exposition, volontiers féministe, cherche avant tout à redonner leur place à ces artistes et à enfin faire la lumière sur leur mise à l’écart. « Le féminisme contemporain constitue, de notre point de vue, un levier pour rappeler que dans l’histoire de l’art, comme dans d’autres domaines, nous n’avons pris en compte que le point de vue de la moitié de l’humanité », poursuivent les deux commissaires.
Des œuvres et des parcours d’exception
« Je n’ai pas eu le temps d’être la muse de qui que ce soit… J’étais trop occupée à me rebeller contre ma famille et à apprendre à être une artiste. » Avec ces mots, Leonora Carrington affiche déjà sa volonté d’embrasser une carrière artistique, mais aussi et surtout, d’en finir avec l’idéalisation surréaliste de la femme-muse. Issue d’une famille bourgeoise britannique, c’est dans l’art qu’elle trouva son échappatoire. En 1936, lors d’un voyage à Paris, elle découvre le surréalisme et s’installe en France avec Max Ernst.
Leonora Carrington a largement marqué le surréalisme international et plus particulièrement son pôle sud-américain. En effet, elle décide de partir en 1943 au Mexique où elle nouera des amitiés avec des artistes renommés tels que Remedios Varo, Kati Horan ou Octavio Paz. À travers ses œuvres, elle construit un univers singulier inspiré par les contes de fée, les légendes celtes et la mythologie mésoaméricaine.
Sur place, vous retrouverez également les œuvres d’artistes moins connus, comme Marion Adnams ou Suzanne Van Damme. De cette dernière, vous aurez l’occasion de voir Couple d’oiseaux anthropomorphes (1946), un tableau qui appartient à la mouvance la plus fantastique du surréalisme et qui représente deux personnages marchant de profil et semblant se rendre à un bal costumé.
Mention spéciale pour la peintre Dorothea Tanning et son chef d’œuvre, Un tableau très heureux (1947), caricature du cliché du voyage de noce idyllique, pour la singulière Ithell Coquhoun et sa frappante La cathédrale engloutie dans laquelle elle représente un alignement de menhirs dessinant le symbole de l’infini et qui évoque le site néolithique de Stonehenge, sans non plus oublier l’extraordinaire Jane Graverol dont le tableau Le sacre du printemps (1960) montre un oiseau noir picorant un mamelon et qui sert de support à l’affiche de l’exposition.
Crédits photo principale : Jacqueline Lamba (1910-1993) La Femme blonde, 1930 – Huile sur bois Collection Guy Ladrière – Ancienne Collection Charles Ratton
INFORMATIONS PRATIQUES
- TITRE : Surréalisme au féminin ?
- LIEU : Musée de Montmartre
- ADRESSE : 12, rue Cortot 75018 Paris
- HORAIRES : tous les jours de 10h00 à 19h00
- DATES : jusqu’au 10 septembre 2023
- TARIF : 10 – 15 €
- RENSEIGNEMENTS : Musée de Montmartre Jardins Renoir