À l’instar de Rodrigo Amarante ou de Kiko Dinucci, Lucas Santtana fait partie de cette génération d’auteurs-compositeurs surdoués, capables de saisir les soubresauts artistiques de leur époque et de les intégrer à leur partition sans jamais perdre de vue leur A.D.N foncièrement brésilien. Avec Vamos Ficar Na Terra, le bahianais nous délivre une carte postale musicale saisissante, en prélude d’un nouvel album qui s’annonce particulièrement inspiré…
Lucas Santtana, le tropicalisme en héritage
Expérimentateur patenté, Lucas Santtana s’est rapidement fait remarquer sur la scène internationale grâce aux digressions dub d’Electro Ben Dodô (1999), aux samples élégiaques de O Deus Que Devasta Mas Também Cura (2012), mais aussi et surtout grâce aux bricolages lo-fi inouïs de Sem Nostalgia (2011), son authentique chef-d’œuvre qui a complètement remis en perspective le traditionnel exercice de l’album guitare-voix.
Si ses dernières productions, Modo Aviaõ (2017) et O Céu É Velho Há Muito Tempo (2019), s’affirmaient bien plus classiques dans la forme, force est de constater que sur le fond, Lucas Santtana signait encore et toujours de superbes chansons, gorgées de saudade, de poésie et de saillies politiques bien senties, notamment à l’encontre de Jair Bolsonaro.
En ce sens, il porte en lui fièrement cette flamme expérimentale et contestataire allumée en leur temps par ses aînés João Gilberto, Tom Zé et Caetano Veloso.
Vamos Ficar Na Terra, la nouvelle perle de Lucas Santtana
C’est sur la promenade de la plage de Porto da Barra à Salvador de Bahia que nous le retrouvons pour une session acoustique de toute beauté. Portée par une rythmique simple, mais une grille d’accord délicieusement sophistiquée, Vamos Ficar Na Terra nous invite à rester sur Terre, seule planète habitable du système solaire, plutôt que de nous lancer dans une course à l’espace dont le but est moins d’établir une nouvelle frontière que de satisfaire nos insatiables appétits mercantiles.
Une chanson poignante et dépouillée, comme Lucas Santtana sait si bien les faire. En attendant la sortie d’un nouvel album qui ne saurait tarder, notez que le bahianais sera de passage à Paris le 2 février 2023 au Café de la Danse !