Paris et nulle part ailleurs. 1945-1972.

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Le Musée de l’Histoire de l’Immigration met en lumière l’œuvre de 24 artistes étrangers ayant vécu en France dans la période 1945-1972. Une période généralement méconnue du grand public et qui révèle l’effervescence artistique de la Ville lumière. Si à partir de la fin des années 50, New-York devient le centre artistique mondial, Paris n’est pas en reste et accueille des artistes venus de quatre coins du monde en quête de renouveau, attirés par sa modernité et son cosmopolitisme.

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Exils volontaires  

Paris et nulle part ailleurs est une fascinante exposition qui réunit une centaine d’œuvres de collections privées et publiques d’artistes étrangers ou parisiens. En premier lieu, l’exposition aborde l’expérience de l’exil. En se rendant à Paris, les artistes ont tout quitté et laissé derrière leur pays natal. Certains pour apprendre un métier ou rejoindre un mouvement artistique, d’autres pour fuir un régime politique ou bénéficier de plus de liberté.

Quelques soient les raisons de leur exil, il laisse systématiquement une empreinte indélébile dans leur esprit et dans leur œuvre. Témoignent ainsi de cette réalité les sculptures de l’artiste argentine Alicia Penalba, fortement inspirées des paysages de la Patagonie de son enfance. Dans un même esprit, la toile intitulé L’homme de la rue du peintre argentin Antonio Seguí est coupée en deux, les pieds au sol, la tête dans les nuages de sa ville natale. Sans oublier le peintre espagnol Eduardo Arroyo, dont la production artistique littéralement traversée par l’exil renferme une critique acerbe de l’Espagne franquiste.

Hybridations

Tout artiste étranger est au carrefour de plusieurs cultures qui finissent généralement par s’entremêler. Mais celles-ci peuvent aussi entrer en tension les unes par rapport aux autres. Le commissaire de l’exposition, Jean-Paul Ameline, a ainsi souhaité mettre en avant l’œuvre d’artistes ayant une culture artistique originelle très forte mais qui associent à leurs compositions des références à la culture française.

C’est le cas de l’artiste d’origine chinoise Zao Wou-Ki qui croise peinture traditionnelle chinoise et abstraction lyrique. Vous pourrez également découvrir les tableaux d’Ahmed Cherkaoui, qui peuple ses œuvres abstraites de symboles berbères, ou encore le peintre cubain Wilfredo Lam, qui associe cubisme, références à Picasso et surréalisme aux symboles et rites afro-cubains.

L’Opacité du monde

Au début des années 60, l’objet s’affirme comme un référent dans l’art. Au sein de la société industrielle et commerciale alors en plein essor, les artistes décident d’incorporer des objets du quotidien dans leurs créations. Comme l’explique le commissaire, « Ils interrogent directement le réel le plus banal, son expressivité, mais aussi son opacité, sa violence et sa vacuité. Leurs œuvres traduisent leur désorientation dans un pays où ils viennent d’arriver, dans un monde polarisé par la Guerre Froide où plane la menace nucléaire, mais où souffle également un ardent désir de libération. En réponse à cet univers étranger et menaçant, ils cherchent à construire un à monde à eux, qu’ils nous tendent comme miroir. »

Vous pourrez ainsi admirer les œuvres de Daniel Spoerri, un artiste suisse d’origine roumaine arrivé à Paris en 1959 qui remplit rapidement sa petite chambre d’hôtel d’objets figés dans ses « tableaux pièges ». De son côté, Milvia Maglione coud sur des toiles toutes sortes d’objets appartenant à l’univers féminin, le mettant ainsi à l’honneur.  

Mention spéciale aux créations du japonais Tetsumi Kudo, de l’islandais Erró et du chilien Roberto Matta qui représentent des visions apocalyptiques de l’être humain et de son environnement.

Un langage universel

Dans les années 1950 et 1960, les artistes conçoivent au-delà des frontières un langage universel qui peut être utilisé pour tous. Fondé sur de formes et de couleurs, ce nouveau langage sollicite les sens des spectateurs. C’est ainsi que s’est développé à Paris l’art optique et cinétique.  Courant artistique conçue par des artistes venus pour la plupart de l’Amérique latine et de l’Europe et qui auront un fort retentissement à l’international.

Sur les murs du Palais de la porte dorée, vous pourrez également découvrir l’œuvre de Victor Vasarely, créateur d’un alphabet plastique de formes et de couleurs combinables à l’infini qui a profondément marqué le milieu artistique de ces années-là.  Vous serez également surpris par les compositions de l’argentin Julio Le Parc, cofondateur du Groupe de Recherche d’Art Visuel (GRAV). Les vénézuéliens Jesús Rafael Soto et Carlos Cruz-Diez sont aussi présentent dans l’exposition. Tous deux intègrent le temps et le mouvement dans leurs travaux et font participer le spectateur à l’œuvre. Ne quittez pas l’exposition sans avoir essayé le Penetrable blanco y amarillo de Soto ou le Labyrinthe de Transchromie B de Carlos Cruz-Diez.

Crédits photo principale : Victor Vasarely, Orion MC, 1963 © Collection privée, courtesy Fondation Vasarely. © Fabrice Lepeltier © Adagp, Paris, 2022.

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INFORMATIONS PRATIQUES

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