Presque vingt ans après Les lundis au soleil, Fernando León de Aranoa a choisi de nous plonger de nouveau dans le monde du travail. Le réalisateur espagnol signe cette fois-ci une comédie sociale dont le protagoniste absolu est le patron d’une petite entreprise de balances. Pour interpréter l’homme de la situation, il a fait appel à l’une des plus grandes icônes du cinéma ibérique, monsieur Javier Bardem.
Une affaire de balances
Pour situer l’action de son film, Fernando León de Aranoa aurait pu choisir n’importe quelle usine, mais il a néanmoins opté pour une fabrique de balances d’une ville de province. Un détail à la fois symbolique et ironique si l’on considère la personnalité de Monsieur Blanco (Javier Bardem), l’heureux PDG et propriétaire du site qui règne en maître sur tout ce petit monde.
L’équilibre, la balance et la justice sont des termes qu’il prône dans la mesure où cela rapporte un bénéfice à Básculas Blanco et tout particulièrement en ce moment où l’entreprise attend la visite d’une commission du conseil régional pour lui décerner un prix d’excellence entrepreneuriale. Mais à la veille de recevoir cette distinction, les choses se compliquent sérieusement, un ex-employé viré campe devant l’usine, le contremaître met en péril la production parce que sa femme le trompe, une nouvelle stagiaire irrésistible débarque…
Javier Bardem et Fernando León de Aranoa, un tandem de génie
Javier Bardem et Fernando León de Aranoa, c’est une longue et belle histoire d’amitié et de cinéma. Un tandem toujours gagnant, comme en attestent Les lundis au soleil (2002) ou Escobar (2017). Avec El buen patrón, qui a remporté 6 prix Goyas en février dernier dont ceux du meilleur réalisateur et du meilleur acteur, ils continuent de nous surprendre.
Dès le départ, le choix de Javier Bardem était une possibilité claire dans la tête de Fernando León de Aranoa : « J’ai toujours pensé que Javier était une possibilité pour jouer Blanco, mais lorsque je commence à écrire, j’essaie de ne pas penser à un acteur éventuel parce qu’il devient trop facile d’écrire des choses qui correspondent au registre de l’acteur plutôt qu’à ce que le personnage ferait dans cette situation. En tant que personne, Javier est le même gars qu’il y a vingt ans, ce qui est merveilleux compte tenu de son parcours. Il est toujours aussi noble et généreux qu’il l’était lors de notre première rencontre. Son registre s’est beaucoup élargi au cours de cette période. Javier a toujours été très présent et concerné sur le plateau, mais je pense que c’est encore plus vrai maintenant. »
Nul doute que les meilleurs moments du film reposent sur l’excellente interprétation de l’acteur madrilène qui construit un personnage riche, tout en clair-obscur, un homme charismatique, charmant mais aussi manipulateur, qui n’hésite pas à s’immiscer dans la vie privée des gens qui l’entourent pour parvenir à ses fins. « Parfois, il faut truquer la balance pour qu’elle soit exacte » rétorque ainsi Monsieur Blanco avec sarcasme à l’un de ses employés.
« Avec Javier, vous avez la force d’un pur-sang, mais c’est un pur-sang à qui on peut aussi demander de se déplacer dans un espace très réduit, dans une fourchette de deux millimètres. Il a les deux : le cœur, l’instinct, l’émotivité, et en même temps, un travail plus rationnel, plus intellectuel. Il tisse très finement. » Ajoute León de Aranoa.
Crédits photos : Paname Distribution (photo de couverture)
FICHE DU FILM
- Titre original : El buen patrón
- De : Fernando León de Aranoa
- Avec : Javier Bardem, Manolo Solo, Almudena Amor
- Date de sortie : 22 juin 2022
- Durée : 2h00 min
- Distributeur : Paname Distribution