Le scenario du dernier film d’Anita Rocha da Silveira aurait tout aussi bien pu être écrit par Georges Orwell ou Ray Bradbury. Si dans Medusa, il n’y a ni big brother, ni interdiction de lire de livres, la réalisatrice brésilienne esquisse néanmoins le portrait d’une société puritaine dans laquelle la religion et le contrôle des individus sont omniprésents. La nuit tombée, des bandes de garçons et de filles font la loi dans les rues et punissent tous ceux qui ne se conduisent pas comme le souhaite le régime. Voici le récit d’un Brésil postmoderne répressif qui dénonce en toile de fond la montée en puissance des églises évangéliques.
Les bonnes filles
À 21 ans, Mariana est une femme pieuse, parfaitement intégrée dans sa communauté religieuse. Du fait de sa vie irréprochable et de sa foi sans faille, elle est à la tête de l’une de ces bandes de femmes patrouillant la nuit. Ainsi, tous les soirs, cachées derrières des masques, elles arpentent les rues de leur ville à la recherche de filles aux mœurs légères.
Mais à force de vouloir tout contrôler et d’enfouir au plus profond d’elle-même ses désirs et ses envies les plus secrets, Mariana commence à douter et à se poser des questions. Est-ce cela, la vraie vie ? Peut-on vivre ainsi dans la crainte ? De quel droit contrôle-t-on et chasse-t-on les autres ? Et finalement, les femmes dans leur ensemble ne seraient-elles pas les victimes d’une société patriarcale dirigée par les hommes ?
Comme l’explique Anita Rocha da Silveira au sujet du mythe grec de Méduse qui donne son titre au film, « Méduse a été punie pour sa sexualité, pour avoir désiré, pour ne pas être » pure ». En combinant le mythe et la réalité, il m’est apparu que, même au fil des siècles, la volonté des femmes de se contrôler les unes les autres est devenue le fondement même de cette civilisation. »
Un film visuellement captivant
Anita Rocha da Silveira a choisi de nous raconter l’histoire de ce Brésil évangélique, bolsonariste et ultraconservateur au moyen d’images visuellement fascinantes. Elle recourt ainsi à des couleurs pop, néons et flashy, qui rappellent fortement les années 80. La réalisatrice injecte ainsi à sa réalisation une tonalité qui contraste fortement avec la dure réalité de ces jeunes femmes aux allures de pom-pom girls soumises.
Entre science-fiction et cinéma d’épouvante, Medusa est un opéra pop qui met en lumière la misogynie qui règne au Brésil ainsi que le pouvoir grandissant des églises évangéliques et leur rôle dans l’éducation des jeunes femmes.
FICHE DU FILM
- Titre original : Medusa
- De : Anita Rocha da Silveira
- Avec : Mari Oliveira, Lara Tremouroux, Bruna Linzmeyer
- Date de sortie : 16 mars 2022
- Durée : 2h 07 min
- Distributeur : Wayna Pitch